À nous les stades ! Une histoire du sport au féminin
BnF Site François-Mitterrand, Paris
22 mai - 13 octobre 2024
Mme Violette Gouraud-Morris au lancer de javelot
Agence Rol - BnF, Estampes et photographie
L’exposition À nous les stades ! Une histoire du sport au féminin dessine un panorama du sport féminin en France depuis la fn du XIXe siècle jusqu’à la période la plus récente. Cette histoire est par bien des aspects une histoire contrariée, souvent même empêchée. Bien que né au même creuset d’une culture des loisirs et d’un nouveau rapport au corps, progressivement diffusés à l’ensemble de la société, le sport féminin a connu un développement bien différent de celui de son homologue masculin. Plus de 250 documents issus des collections de la BnF, photographies, articles, affiches, illustrations, couvertures de magazines ou de livres, reproduits et présentés en accès libre dans l’allée Julien Cain, retracent les aléas de cette histoire mouvementée qui dit aussi, en creux, celle de la condition féminine en France.
Parcours de l’exposition
- Présentation générale
- Le sport aristocratique
- Les intrépides
- La cycliste
- Dans l’espace public
- Les années folles du sport féminin
- Lenglen/ Morris : figures inversées
- Les femmes pilotes
- Contre le sport féminin
- Le sport politique
- La renaissance du sport féminin (années 1950 -1980 )
- À la conquête des bastions masculins
- Têtes d’affiche
- #MeeToo
- Mixité
En 2024, les Jeux olympiques afficheront pour la première fois à Paris la parité totale : autant de femmes que d’hommes se trouveront sur la ligne de départ et participeront à toutes les épreuves. C’est peu dire que les femmes ont dû négocier, et parfois forcer leur intégration dans le nouvel espace social du sport dont les hommes ont fixé, à la fin du XIXe siècle, les règles, les valeurs et les institutions. Elles ont eu un accès plus tardif à l’ensemble des disciplines sportives, avec une ouverture plus limitée, certaines leur restant même interdites en compétition jusqu’à des périodes extrêmement récentes, à l’instar de la boxe ou du saut à ski inclus au programme des Jeux en 2012 et 2018.
Une pratique transgressive pour les femmes au début du XXe siècle
« Ô mes sœurs ne craignez pas de développer un peu vos biceps, d’avoir la taille... pas trop mince, et des mains capables de saisir une carabine ou de diriger un cheval.» Lancé par l’opiniâtre duchesse d’Uzès en 1911, cet appel dit assez combien la voie à suivre pour pratiquer le sport était transgressive pour les femmes du début du siècle. Digne représentante de la nouvelle « classe des loisirs » qui importe depuis l’Angleterre le tennis ou le golf, la duchesse vient pourtant d’un milieu où la mixité est plutôt bien tolérée.
Les pionnières du sport ne se recrutent cependant pas que dans les milieux aristocratiques. Les participantes aux premières courses pédestres, de natation, de cyclisme et même d’aviation viennent de milieux sensiblement plus populaires.
Reconquérir des bastions masculins
Au sortir de la Première Guerre mondiale, comme en témoignent les affiches, la presse et les collections de photographies présentées dans l’exposition, une certaine effervescence règne autour des pratiques sportives féminines. Délaissées par les fédérations masculines, les Françaises organisent leurs propres clubs et compétitions, et, sous l’égide de l’incontournable Alice Milliat, une fédération nationale puis internationale féminine. La conquête de cette autonomie ne va pas sans susciter de vives résistances : la pratique féminine est encouragée si elle s’inscrit dans les bornes de la bienséance et d’un destin biologique déjà tout tracé. Aux contacts brutaux des sports collectifs sont préférées les finalités esthétiques et prophylactiques de la gymnastique rythmique et de ses grands mouvements d’ensemble.
La Seconde Guerre mondiale achève de mettre en sommeil la pratique compétitive dans de nombreux sports collectifs. C’est seulement à la fn des années 1960 que les femmes reconquièrent progressivement les bastions masculins, à commencer par le rugby et le marathon.
Des inégalités persistantes
Si les femmes ont gagné droit de cité dans le sport, des inégalités persistantes se manifestent encore aujourd’hui dans le nombre de licenciés, l’audience, les revenus des professionnelles ou encore la représentation dans les instances dirigeantes. Les fédérations sportives doivent quant à elles prendre la mesure des conséquences du mouvement #MeToo.
En même temps que des pratiques sportives, l’exposition À nous les stades ! témoigne ainsi de l’évolution des normes de genre à travers les performances corporelles, le choix des vêtements, des coiffures ou encore la manière de se tenir et de se mouvoir. À partir de l’objet « sport », c’est l’histoire, concrète, physique, des femmes en France depuis la fin du XIXe siècle qui se raconte.
Commissariat : Christophe da Silva, chef du service de la conservation et des entrées au département Sciences et techniques, BnF
BnF I François-Mitterrand
Allée Julien Cain
Quai François-Mauriac - 75013 Paris
Exposition gratuite
Lundi 14h > 20h
Du mardi au samedi 10h > 19h, dimanche13h > 19h
Fermeture les jours fériés