03/09/24

Alfred Yaghobzadeh @ Visa pour l’Image 2024 – Perpignan : Alfred’s Journey

Alfred Yaghobzadeh 
Alfred’s Journey 
Visa pour l’Image 2024 – Perpignan
Festival International du Photojournalisme 
31 août - 15 septembre 2024 

ALFRED YAGHOBZADEH
Un combattant brandit le drapeau taliban sur
les ruines de bâtiments détruits par les frappes
américaines et britanniques.
Sangin, Province du Helmand, Afghanistan,
30 novembre 2021.
© Alfred Yaghobzadeh

ALFRED YAGHOBZADEH
Des femmes venues soutenir la candidature de
l’ancien Premier ministre Mir Hossein Mousavi
lors d’un meeting.
Téhéran, Iran, 9 juin 2009.
© Alfred Yaghobzadeh

ALFRED YAGHOBZADEH
Un manifestant face à la police anti-émeute.
Place de l’Indépendance, Kiev, Ukraine,
19 février 2014.
© Alfred Yaghobzadeh

Selon Alfred Yaghobzadeh, la vie est un jardin où les orages de printemps réveillent les plantes endormies, mais où les inondations font chavirer le paysage. Il y a des fleurs et des fruits de toutes les couleurs, tous les goûts, toutes les beautés et tous les bienfaits, mais aussi des épines vénéneuses qui piquent les mains du jardinier et la foudre qui brise le dos des arbres anciens et robustes. On retrouve sa vision dans la manière dont il aborde sa vie de photographe et de photojournaliste. Sa carrière, longue de quarante années, a débuté accidentellement lorsque son pays natal, l’Iran, a été plongé dans ce que l’on a appelé la révolution islamique.

A la fin des années 1970, le jeune Arménien-Assyrien qui grandissait dans un pays à majorité musulmane a rejoint ses amis pour se dresser contre la monarchie. Il n’a pas tardé à comprendre qu’il ne partageait pas l’idéologie des manifestants fascinés par l’ayatollah Khomeini, qui prônait des lois islamiques austères. Pourtant, il ne pouvait pas tourner le dos aux changements qui approchaient à grands pas. Il s’est emparé d’un appareil photo et a commencé à documenter le destin de son pays.

Lorsque l’Irak a envahi l’Iran en 1980, il travaillait pour Associated Press. Il ne pouvait s’imaginer prendre les armes mais il a contribué avec ses photos. Alors que la machine de propagande du gouvernement iranien utilisait l’argument de la guerre sainte pour recruter des hommes, parfois dès l’âge de treize ans, son objectif s’est focalisé sur le coût humain des combats. Sa photo la plus emblématique est celle de l’enfant soldat Hassan « Jangju », dont le visage couvert de boue et la petite taille derrière un fusil lourd et trop grand reflètent l’effroi et l’incongruité partagés par de nombreux soldats comme lui. La façon dont il a vécu la guerre deviendra la façon dont il documentera les autres guerres : non seulement les bombes, les chars et la destruction, mais aussi la vie qui continue malgré la violence.

Pour un œil averti, ces premières photos ne sont peut-être pas parfaites en termes de composition ou d’éclairage, mais elles témoignent de l’authenticité brute du jeune photographe, qui fait mentir son statut de novice. À titre d’exemple, l’image de l’ayatollah Ruhollah Khomeini saluant ses fidèles en 1979 montre le potentiel d’Alfred Yaghobzadeh, sa capacité à devenir une force formidable pour immortaliser les personnes et les événements les plus influents de l’histoire. Ce n’est pas la figure autoritaire de l’ayatollah qui retient l’attention, mais son ombre sur le mur. Cette image inquiétante prédit l’avenir d’une nation sur le point de devenir l’ombre d’elle-même.

Alfred Yaghobzadeh est lauréat 2023 de la Bourse SAIF / Benoît Schaeffer pour l’édition photographique.







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