Lieven de Boeck, The Archive of disappearance
MSSNDCLRCQ Meessen De Clercq, Bruxelles
Jusqu'au 4 décembre 2010
Présenté au premier étage de la galerie MSSNDCLRCQ Meessen De Clercq, The Archive of disappearance est un projet de recherche sur lequel LIEVEN DE BOECK (1971) travaille de façon permanente. Il consiste en une recherche théorique et dans la production d’un travail neuf adapté à chaque ville où le projet est montré. Se basant sur des informations existantes, des interprétations d’œuvres d’autres artistes et du matériel trouvé au hasard, Lieven De Boeck crée un cabinet d’archives où la notion de disparition est omniprésente sur le fond et sur la forme.
De Boeck nous force à un mouvement inhabituel qui va du connu vers l’inconnu, c’est-à-dire qu’en se nourrissant d’œuvres connues (Broodthaers, Magritte, Duchamp), il recrée de l’inconnu. Il instaure de l’énigmatique et laisse de la sorte toute interprétation ouverte. Ainsi au premier étage, le visiteur est accueilli par un corbeau en néon qui fait référence à certaines œuvres de Broodthaers mais aussi à l’auteur inconnu qui signe des lettres anonymes. La disparition ou l’altération de l’identité est quelque chose qui se retrouve de façon constante dans son travail comme on peut le voir dans la salle de gauche avec son Autoportrait contre nature et Untitled. Le premier est une diapositive projetée sur la fenêtre représentant la photo d’une diapositive vide. Le second est un timbre avec l’empreinte du pouce de l’artiste vu à travers une boule de cristal.
La pièce principale de cette salle, intitulée Musée d’Art Moderne/Archive des Aigles disparus en hommage à Marcel Broodthaers, est une série sur papier de quarante emblèmes (+ une page de titre) dans lesquels apparaît chaque fois un aigle découpé au scalpel. Intéressé par l’identité, qu’elle soit individuelle ou nationale, l’artiste livre ici une vision par défaut de ce qui fait la fierté des villes ou nations qui arborent un aigle dans leurs armoiries (on retrouve une autre allusion à la fierté nationale avec The Belgian White Flag qui flotte au vent, sur la façade de la galerie).
Son travail n’est pas tant une affaire de documentation que d’invention. Lieven De Boeck utilise le classement comme système de présentation comme dans Le Perroquet où une table lumineuse formellement proche d’un échiquier rend visibles certaines clés de lecture de son travail. Il fragmente, réinvente constamment et, de la sorte, ne fossilise pas le travail de ses illustres prédécesseurs.
Dans la salle de droite de la galerie, on trouve par exemple The Red Story ou The Alphabet Drawings qui sont des retranscriptions de textes existants dans un alphabet qu’il s’est créé pour lui-même. Devenus illisibles, ces textes sont incohérents mais gardent le dynamisme et le rythme des textes initiaux. Le Moon calendar, qui reproduit des objets appartenant à l’artiste, influe sur la perception du temps que nous avons tout comme le néon I II III IIII five qui fait référence aux marques inscrites sur les murs pour compter les jours qui passent. Le livre posé sur un socle près de la fenêtre est intitulé In The Beginning I Left Messages In The Street et reproduit avec une technique à l’acétone des annotations gravées dans les rues de New York.
Chez De Boeck, ce que l’archive met en place est un passé recomposé suivant des codes établis. Il consigne les traces à travers de nombreuses techniques (papier, néon, film 8 mm, vinyle, textiles, plastique…) et rend ces traces par moments indéchiffrables dans une volonté de disparition ultime.
Au même moment à la galerie : exposition de l’artiste Sofia Hulten
MSSNDCLRCQ
Meessen De Clercq
Bruxelles
28 octobre - 4 décembre 2010