06/12/17

César. La rétrospective, Centre Pompidou, Beaubourg, Paris

César. La rétrospective
Centre Pompidou, Beaubourg, Paris
13 décembre 2017 - 26 mars 2018

La rétrospective de l’oeuvre de César présentée par le Centre Pompidou coïncide avec le vingtième anniversaire de la mort de l’artiste. Illustre dès l’âge de 25 ans, César a vécu plus de cinquante années de création. Il est la dernière figure majeure du Nouveau Réalisme dont l’oeuvre n’a pas encore fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou. À travers une centaine d’oeuvres présentées dans la plus vaste de ses galeries d’expositions, le Centre Pompidou propose de découvrir, dans toute son intégrité et sa richesse, le parcours de l’un des plus grands sculpteurs de son temps. Avec les oeuvres majeures les plus célèbres, comme à travers certains cycles plus méconnus, cette rétrospective présente un ensemble inédit à ce jour.

Né à Marseille en 1921, César commence un apprentissage qui le conduit à Paris à l'École nationale supérieure des Beaux-arts. À Paris, il croise entre autres, Alberto Giacometti, Germaine Richier, Pablo Picasso et se mêle à la scène artistique d'alors, côtoyant les artistes de Saint-Germain-des-Prés et de Montparnasse. Très tôt, il se fait remarquer par une technique qui lui est propre et lui apporte la célébrité : ce sont les « Fers soudés », les figures humaines et autres « Vénus » ainsi que le bestiaire qu'il invente, peuplé d'insectes et d'animaux de toutes sortes qui l'amènent à sa première exposition personnelle, galerie Lucien Durand en 1954. Bientôt célèbre, son oeuvre est exposée de Londres à New York.

Confrontant sans cesse son oeuvre au classicisme et à la modernité, César élabore alors une pratique fondée sur ce que le critique Pierre Restany appellera une opposition continue entre « homo faber » et « homo ludens ». Jouant de l’opposition entre une maîtrise assumée du métier de sculpteur et des gestes novateurs, César stupéfie son public lorsqu’au tournant des années 1960, il réalise ses premières Compressions. Présentées au Salon de Mai de 1960, elles font scandale et inaugurent un cycle aux évolutions nombreuses qui ne s’interrompra qu’avec la mort de l’artiste, en 1998. Les Compressions seront l’un des gestes les plus radicaux de la sculpture du 20e siècle, présentées aussi bien à la Documenta de Cassel qu’à la Biennale de Venise, repensées par de nombreux artistes allant de l’américain Charles Ray, au français Bertrand Lavier.

Inventif et guidé par la logique accidentelle du matériau, César s’engage ensuite dans une forme de dialectique en développant des Expansions selon un principe opposé à celui des Compressions. Au métal compressé succèdent le polyuréthane et autres matériaux que l’artiste teinte et polit, leur appliquant son savoir-faire et une méthode propre à la sculpture classique. Après les Fers soudés, les Compressions et les Expansions sont tôt reconnues comme deux moments inauguraux de la sculpture moderne. Les Moulages et les Empreintes humaines, qui ont précédé et initié les Expansions, ajoutent à l’oeuvre de César une dimension nouvelle. Déléguant au pantographe l’agrandissement mécanique de son propre pouce à l’occasion d’une exposition autour du thème de la main, César conceptualise un nouvel aspect de sa pratique, variant délibérément les échelles et les matériaux, soucieux d’apporter une méthode jusqu’ici inconnue à l’art de la représentation. Autre sujet de prédilection, le thème de l’autoportrait traverse les différents cycles de son oeuvre.

César, au faîte de la célébrité, devient au tournant des années 1970, l’une des figures emblématiques de l’art de son temps. Associé aux artistes du mouvement du Nouveau Réalisme fédéré depuis 1960 par Pierre Restany, il expose dans le monde entier et réalise en public des expansions éphémères qui sont autant de performances. De Paris à Londres, de São Paolo à Milan, César allie à la permanence de la tradition classique des gestes radicaux et inventifs, souvent spectaculaires et éphémères. Refusant de choisir entre le mot d’ordre des modernes et celui des classiques, il construit ainsi une réflexion originale et sans doute médiane entre l’intensité d’expériences souvent imprévisibles requises par l’art de son temps et la sagesse du temps long que lui offre la pratique patiente et laborieuse de l’assemblage.

Les années 1980 voient se développer un nombre important de ses sculptures monumentales. La carrière de César est récompensée et il reçoit le prestigieux Praemium imperiale au Japon. Il expose dans le monde entier mais l’institution française - toujours elle - tarde à reconnaître en lui davantage qu’un maître du passé. Les rétrospectives de Marseille, du Jeu de Paume ou de la Fondation Cartier rappellent au public le rôle essentiel de l’artiste et son constant pouvoir d’invention. Il représente la France à la Biennale de Venise et ses rétrospective se succèdent à Milan, Malmö, Mexico... Après Otto Hahn, Pierre Restany, Daniel Abadie ou Catherine Millet parmi bien d’autres en France, une nouvelle génération de critiques venus de toutes parts le découvre et met en évidence la singularité de son oeuvre et de son propos, révélant un intérêt pour les matériaux les plus contradictoires allant du marbre au chiffon, du fer à la paille, du plastique au papier.

La rétrospective est conçue et réalisée par Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne, avec la collaboration de Bénédicte Ajac, attachée de conservation au Musée national d’art moderne et Hervé Derouault, chargé de production. Elle se déploie en Galerie 1 (Niveau 6), sur un plateau amplement ouvert sur Paris, mettant en évidence le rapport que l’oeuvre de César entretient profondément avec la ville.

Quelque cent trente pièces du monde entier sont rassemblées. Certains cycles méconnus comme ceux des premiers Fers, des Enveloppages ou des Championnes à partir de carcasses automobiles de compétition, réalisées en 1986, de la Suite milanaise de 1998, constituent des ensembles inédits à ce jour. Le parcours, thématique, s’organise autour des grands cycles conçus par l’artiste.

La scénographie de Laurence Lebris privilégie la fluidité afin de mettre en évidence le caractère monumental des oeuvres ainsi que le principe de sérialité et de répétition qui l’anime. La dualité propre à la pratique de César, oscillant constamment entre classicisme et modernité, incarne le conflit propre à l’artiste mais aussi à l’art du 20e siècle, pris entre émancipation du matériau et recherches classiques.

CENTRE POMPIDOU, BEAUBOURG, PARIS
www.centrepompidou.fr