Reda Boussella : Coeur Braisé
Passerelle Centre d'art contemporain, Brest
Jusqu'au 15 janvier 2022
Lauréat des Chantiers-résidence, REDA BOUSSELLA (né en 1994) a investi les murs du centre d’art pendant plusieurs mois. Diplômé de l’EESAB-site de Quimper en 2019, Reda Boussella est de ces artistes prolifiques, généreux dans la création, volontiers partageurs ; l’exposition, présentée au premier étage du centre d’art, rend bien compte de son investissement démesuré, d’un abandon total et boulimique dans le travail et la création de formes.
Baigné de culture populaire depuis l’univers vidéoludique Pokemon jusqu’au rappeur 50 Cent, Reda Boussella absorbe les références de son quotidien et reconstruit son propre monde souvent loufoque. Lorsque l’on observe ses oeuvres, la technique du collage – différents matériaux, techniques ou formels – apparaît immédiatement. Le collage, inventé par les artistes Picasso et Braque dans les années 1910, était utilisé pour « ouvrir » le spectateur à d’autres réflexions que celle de la peinture elle-même. En 1923, Picasso déclarait à son sujet : « Nous avons essayé de nous débarrasser du trompe-l’oeil pour trouver le “trompe-l’esprit” ». En cela, les compositions de Boussella trouvent une origine dans cette conception révolutionnaire en son temps : l’assemblage d’éléments disparates ouvrent le spectateur à d’autres mondes. Le titre de l’exposition, Coeur Braisé, poursuit cette même logique : mix de coeur brisé et de poulet braisé, cette association évoque tant les amours adolescents déçus que les chips à goût chimique.
Pour cette exposition, Reda Boussella s’attaque, sans aucun jugement, aux stéréotypes de la plage estivale. On y croise des corps bronzés, des couleurs criardes, du graillon, la France des vacances à la mer. Les paroles de Ah yah, rosé, jet-ski, playa du rappeur Jul se mêlent à celles de la Nationale 7 de Charles Trenet.
« De toutes les routes de France d’Europe
Celle que j’préfère est celle qui conduit
En auto ou en auto-stop
Vers les rivages du Midi
Nationale 7 »
Sur un ton semblant léger, Reda Boussella aborde la question du regard que l’on porte sur l’Autre. N’est-ce pas à la plage ou à la piscine que nous voyons des corps à moitié dénudés sans sensation de gêne ou de désir ? Grâce à une iconographie forte, l’artiste interroge également la notion de virilité et de machisme. La « chemise ouverte, chaîne en or qui brille » des années 1980-1990, la figure du mâle ont évolué et les anciennes normes disparaissent peu à peu. Coeur braisé se révèle être un portrait d’un été populaire de 2021 qui s’efface peu à peu, à la fois le spectacle d’une fête qui se termine mais aussi la fin d’un ancien monde obsolète.
En partenariat avec Documents D’Artistes Bretagne
Dans le cadre du programme Les Chantiers | Résidence
PASSERELLE Centre d'art contemporain
41 rue Charles Berthelot, 29200 Brest
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