Hilary Galbreaith : The Grasshopper’s Ball
Passerelle Centre d'art contemporain, Brest
Jusqu'au 15 janvier 2022
PARADE #2 (extrait), 2020
© Hilary Galbreaith
PARADE #1 (extrait), 2019
© Hilary Galbreaith
Elevée en Californie, installée à Rennes, HILARY GALBREAITH (née en 1989) a su associer l’influence américaine de la côte Ouest à la culture française. Son oeuvre est profondément marquée par l’outil du tutorial et par le do it yourself occidental. Le « do it yourself », en français « faites le vous-même », comprend une philosophie de vie s’apparentant à la débrouillardise mais aussi des principes de partage de connaissances, de diffusion facilitée ou encore de recyclage. Souvent engagé socialement, ce précepte se pose comme une voie alternative au système marchand et de l’ultraconsommation ; il s’approche aussi des concepts de décroissance et d’auto-gestion. Toutes ces notions se retrouvent également au coeur de la pratique multimédia d’Hilary Galbreaith qui multiplie vidéos, sculptures bricolées et fanzines auto-édités.
The Bureau, fanzine
Édité par Lendroit éditions en collaboration avec In extenso
Courtesy de l’artiste, Lendroit éditions et In extenso, Clermont-Ferrand
L’exposition The Grasshopper’s Ball est conçue comme une déambulation dans les méandres de l’univers acidulé et pop d’Hilary Galbreaith. Grâce à des rideaux teints avec des pigments naturels par l’artiste, l’espace se divise en plusieurs sections correspondant à différentes étapes de création. L’artiste élabore depuis plusieurs années une fiction intitulée Bug [insecte]. Cette histoire prend place initialement dans la ville de La Nouvelle Nouvelle-Orléans et se concentre sur une catastrophe touchant certain.e.s humain.e.s : une infection les transforme en insectes humanoïdes. L’intrigue évoque le cinéma d’horreur ou de science-fiction de Starship Troopers à District 9 jusqu’aux films de série B, mais en évacuant la conception binaire classique du « bien contre le mal ». Trois corpus distincts ont été imaginés par l’artiste : The Bureau, un fanzine explorant les origines et la création d’une administration complexe et absurde à destination de ce nouveau monde marginal ; Bug Eyes, une série vidéo mettant en scène des marionnettes dans une téléréalité ; et Parade, la partie la plus récente mêlant performances et films où des acteurs interprètent des mutants dans des situations du quotidien ou festives.
Dans les films d’Hilary Galbreaith, les langues se mélangent, l’anglais et le français deviennent inaudibles. Les mots sont transformés en son d’ambiance tandis que la musique est improvisée par l’artiste ou composée par des collaborateur.rice.s. La compréhension en détail des choses n’est pas une finalité en soi et le sentiment de confusion est assumé. Il faut davantage les envisager comme des compilations, de sons donc, mais aussi de stéréotypes. C’est au moyen de son esthétique punk carnavalesque et joyeuse, rappelant celle des artistes californiens Mike Kelley et Marnie Weber, qu’Hilary Galbreaith arrive à examiner les mécanismes de rejet et d’exclusion. Son humour noir habille d’un voile léger « le bal de la cigale » – la traduction du titre de l’exposition – entre prélude de fête à venir et fin d’un monde désenchanté. Avec ses habiles détours, évitant la simple critique, Hilary Galbreaith cerne les dérives politiques, sociétales et écologiques dans lesquelles nous baignons davantage chaque jour.
Coproduction : Cripta747 Residency Program, ministère de la Culture / DRAC Bretagne, In Extenso, Ville de Rennes
PASSERELLE Centre d'art contemporain
41 rue Charles Berthelot, 29200 Brest