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09/03/25

L'art "dégénéré" @ Musée Picasso Paris - Le procès de l'art moderne sous le nazisme - Exposition, catalogue + colloque

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme 
Musée Picasso Paris
Jusqu'au 25 mai 2025

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme
L'art "dégénéré" 
Le procès de l'art moderne sous le nazisme
Musée Picasso Paris - Affiche de l'exposition

Le Musée national Picasso-Paris présente « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme ». Première exposition en France consacrée à l’art dit « dégénéré », elle explore et met en perspective l’attaque méthodique du régime nazi contre l’art moderne.
" Ce temps m'en veut, je ne fais pas son affaire, je suis trop peu nationaliste, pas assez raciste. Le bruit m’effraie ; au lieu de jubiler quand rugit le « Heil », au lieu de lever le bras à la romaine, j'enfonce mon chapeau sur la tête."
Ernst Barlach, Lettre à Reinhard Piper, 11 avril 1933

" A présent, quand on travaille, c’est comme si on travaillait pour une époque qui n’existe pas encore ; pour tous les officiels d’aujourd’hui, on est un monstre et une abomination."
Otto Dix, Lettre à Israël Ben Neumann, 20 juin 1934
L'action  contre l'art « dégénéré » est une campagne menée par les nazies contre le modernisme dans l'art qui débute en 1933 avec l'accession au pouvoir d'Hitler et qui dure plus de dix ans, jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Ce sont plus de 1400 artistes qui sont visés.

« L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme. » étudie en particulier l’exposition de propagande « Entartete Kunst » (Art dégénéré), organisée en 1937 à Munich, montrant plus de 700 œuvres d’une centaine d’artistes, représentants des différents courants de l’art moderne, d’Otto Dix à Ernst Ludwig Kirchner, de Vassily Kandinsky à Emil Nolde, de Paul Klee à Max Beckmann, dans une mise en scène conçue pour provoquer le dégoût du visiteur.

Point culminant d’une série d’expositions infamantes mises en place dans plusieurs musées dès 1933 (Dresde, Mannheim, Karlsruhe…) pour dénoncer les avant-gardes artistiques comme une menace à la « pureté » allemande, « Entartete Kunst » s’inscrit dans le contexte d’une « purge » méthodique des collections allemandes. Plus de 20 000 œuvres, parmi lesquelles celles de Vincent Van Gogh, Marc Chagall ou de Pablo Picasso, cas exemplaire de l’« artiste dégénéré », sont ainsi retirées, vendues ou détruites. Au centre de cette histoire, le terme de « dégénérescence », émergeant au cours du XIXe siècle dans différentes disciplines (histoire naturelle, médecine, anthropologie, de l’art…) jusqu’à sa cristallisation au cœur de la « vision du monde » national-socialiste, sert de vecteur au déploiement des théories racistes et antisémites au sein de l’histoire de l’art.

A travers le rassemblement exceptionnel d’œuvres présentées à l’exposition de 1937 et plus largement de peintures et de sculptures confisquées aux musées allemands durant cette campagne, « L’art « dégénéré ». Le procès de l’art moderne sous le nazisme » permet de montrer l’étendue des esthétiques et des artistes visés. Chaque œuvre est ainsi le témoin direct de cette histoire et des vies d’artistes percutées par celle-ci. L’exposition présentera des artistes majeurs tels que George Grosz, Paul Klee, Oskar Kokoschka, Vassily Kandinsky ou encore Vincent Van Gogh et Pablo Picasso. Un ensemble d’œuvres sera consacré aux artistes juifs, qui figurent parmi les plus violemment attaqués, autour des deux peintures de Marc Chagall, présentes dans l’exposition de 1937, sont présentés les œuvres de Jankel Adler, Ludwig Meidner, Hanns Katz et Otto Freundlich (assassiné en 1943).

Commissariat de l'exposition :

Johan Popelard est conservateur du patrimoine, chef du département de la conservation et des collections au Musée national Picasso-Paris qu’il a rejoint en 2018. Il a été précédemment chargé d’études et de recherche à l'Institut national d'histoire de l'art à Paris et chargé de cours en histoire de l'art contemporain à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a été co-commissaire des expositions « Picasso et la bande dessinée » et « Picasso poète » au Musée Picasso en 2020 et de l'exposition « Picasso. Dessiner à l'infini » qui s'est tenue au Centre Pompidou en 2023.

François Dareau est chargé de recherche au Musée national Picasso-Paris, diplômé en histoire de l'art de la Sorbonne. Rejoignant les équipes du Musée Picasso en 2017, il a participé au développement de l'exposition « Picasso 1932 » (Musée Picasso, 2017 et Tate, 2018), puis a assuré le co-commissariat de « Diego Giacometti au Musée Picasso » (Musée Picasso, 2018) et de l'exposition itinérante nord-américaine « Picasso. Figures » (Frist Art Museum et Musée national des Beaux-Arts du Québec, 2021). En 2022-2023, il est commissaire de deux expositions d'artistes contemporains français, ORLAN et Pierre Moignard, explorant la réception et l'influence actuelle de l'œuvre de Picasso. Il est co-commissaire de « Picasso – Asia : A Conversation » (mars 2025) au M+ de Hong Kong. 

Catalogue de l'exposition :

L'art "dégénéré". Le procès de l'art moderne sous le nazisme
L’Art « dégénéré » 
Le procès de l’art moderne sous le nazisme
Sous la direction de Johan Popelard
Editions GrandPalais RMNEditions / Musée Picasso-Paris, 2025
256 pages - 39 euros

COLLOQUE « L’ART « DÉGÉNÉRÉ ». 
UNE HISTOIRE CROISÉE FRANCE / ALLEMAGNE »

Entartete Kunst Ausstellungsführer
Adolf Dressler (1898-1971),
Couverture du guide de l’exposition “Art” dégénéré, 
Entartete Kunst Ausstellungsführer 
(Guide de l'exposition "Art" dégénéré), 1937
Photo © mahJ / Christophe Fouin

En lien avec l’exposition et le programme Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (RAMA) de l’Institut national d’histoire de l’art, le Musée national Picasso-Paris, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme et le Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) organisent un colloque international à Paris, les 27 et 28 mars 2025. Il réunira environ 25 participants venant de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne.

Les principaux thèmes abordés sont : 

- L’émergence et la diffusion de la notion de « dégénérescence » et son application en histoire de l’art.

- La position et la réaction des différents acteurs (artistes, critiques, historiens, personnels des musées…) face à la campagne contre « l’art dégénéré », notamment en France. Une attention
particulière sera portée aux réactions des artistes désignés comme « dégénérés » et transitant par
la France, face à cette campagne de dénigrement, de destruction, de dilapidation et d’effacement des avant-gardes.

- L’organisation des expositions « d’art dégénéré », la scénographie et le contenu de ces expositions, leur réception. Une attention sera également portée aux contre-projets d’exposition organisés en réaction à la campagne nazie.

- Le commerce de « l’art dégénéré » et notamment ses implications dans le contexte français.

- L’historiographie de la question de « l’art dégénéré » de 1945 et à nos jours. Les évolutions de ce champ d’études, la position des musées et des acteurs institutionnels face à cette question, et les perspectives nouvelles de recherches.

Le jeudi 27 mars à l'auditorium du Musée d'art et d'histoire du judaïsme et le vendredi 28 mars à l'auditorium de l'INHA, de 9h à 18h. Entrée libre dans la limite des places disponibles. 

MUSÉE PICASSO PARIS 
5 rue de Thorigny, 75003 Paris

Suzanne Valadon @ Centre Pompidou, Paris - Exposition, Oeuvres, Catalogue

Suzanne Valadon
Centre Pompidou, Paris
Jusqu'au 26 mai 2025

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1914
Suzanne Valadon 
Le Lancement du filet, 1914 (Détail) 
Huile sur toile, 201 × 301 cm
Achat de l’État, 1937 
Paris, Centre Pompidou,
Musée national d’art moderne, Inv. AM 2312

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1916
Suzanne Valadon 
Nu assis sur un canapé, 1916
Huile sur toile, 81,4 × 60,4 cm
Weisman & Michel Collection 
Photo © Christopher Fay

Suzanne Valadon, oeuvre, Les deux soeurs, 1928
Suzanne Valadon 
Les Deux Sœurs, 1928
Huile sur toile, 72 × 53 cm
Collection particulière 
Photo © Matthew Hollow

Le Centre Pompidou consacre une exposition monographique à SUZANNE VALADON (1865-1938), artiste emblématique et audacieuse, l’une des plus importantes de sa génération. À la marge des courants dominants de son époque – le cubisme et l’art abstrait sont en germe alors qu’elle défend avec ardeur la nécessité de peindre le réel – elle place le nu, féminin comme masculin, au centre de son œuvre, représentant les corps sans artifice ni voyeurisme. Suzanne Valadon n’a pas bénéficié de monographie, à Paris depuis celle que le Musée national d’art moderne lui avait consacré en 1967.
« J’ai dessiné follement pour que quand je n’aurais plus d’yeux j’en aie au bout des doigts »
Suzanne Valadon
Suzanne Valadon, Oeuvre, Le Bain, 1908
Suzanne Valadon 
Le Bain, 1908
Fusain et pastel sur papier, 60×49cm
Paris, Centre national des arts plastiques, Achat à l’artiste en 1916
En dépôt au musée de Grenoble, no DG 1920-9 - FNAC 5274
Photo © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble- Photo J.L. Lacroix

Suzanne Valadon - Oeuvre, Trois nus, 1920
Suzanne Valadon
Trois nus, 1920
Crayon gras sur papier, 55 x 44 cm
Collection Galerie de la Présidence
Photo © Galerie de la Présidence, Paris

Suzanne Valadon, Oeuvre, 1913
Suzanne Valadon 
Marie Coca et sa fille Gilberte,1913
Huile sur toile, 162 × 129,5 cm
Lyon, musée des Beaux-Arts 1935-51
Crédit Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Suzanne Valadon, Oeuvre, La Poupée Délaissée, 1921
Suzanne Valadon 
La Poupée Délaissée, 1921
Huile sur toile, 135 x 95 cm
National Museum of Women in the Arts, Washington D.C,
Gift of Wallace and Wilhelmina Holladay, Inv. 1986.336
Photo © National Museum of Women in the Arts, 
Washington, D.C. 
Photograph by Lee Stalsworth

Cette exposition met en lumière cette figure exceptionnelle et souligne son rôle précurseur, souvent sous-estimé, dans la naissance de la modernité artistique. Elle révèle la grande liberté de cette artiste qui n’adhère véritablement à aucun courant, si ce n’est peut-être le sien. Le parcours de près de 200 œuvres s’appuie sur la richesse des collections nationales notamment celle du Centre Pompidou, la plus importante, mais aussi du musée d’Orsay et de l’Orangerie. Des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Modern Art de New York ou encore de la Fondation de l’Hermitage et d’importantes collections privées le complètent. Il se concentre sur les deux médiums de prédilection de l’artiste, le dessin et la peinture. Particulièrement mise à l’honneur ici, son œuvre graphique fait l’objet d’une analyse approfondie, grâce à la présentation d’un grand nombre de dessins jusqu’alors rarement montrés. C’est également l’occasion d’explorer un moment artistique au cœur de la transition entre les collections du musée d’Orsay et de l’Orangerie et celles du Musée national d’art moderne.

L’exposition « Suzanne Valadon » retrace cet itinéraire unique, depuis ses débuts de modèle favorite du toutMontmartre, jusqu’à sa reconnaissance artistique, intervenue très tôt, par ses pairs et la critique. Véritable « passeuse » d’un siècle à l’autre, Suzanne Valadon embrasse la ferveur parisienne du tournant-de-siècle, ses cafés, bals musettes et cabarets et ses multiples révolutions artistiques, intellectuelles et sociétales. Elle met en évidence le caractère résolument moderne de l'œuvre de Suzanne Valadon, première femme à peindre en grand format un nu masculin de face. Cette plongée inédite dans son œuvre dévoile aussi bien ses relations amicales et artistiques avec les peintres de la bohème que son influence incontestable sur la scène artistique parisienne grâce au soutien actif de ses amis artistes et galeristes.

Suzanne Valadon - Oeuvre, 1923
Suzanne Valadon 
Catherine nue allongée sur une peau de panthère, 1923
Huile sur toile, 64,6 × 91,8 cm
Lucien Arkas Collection
Photo © Hadiye Cangokce

Suzanne Valadon, Oeuvre La Boîte à violon, 1923
Suzanne Valadon 
La Boîte à violon, 1923 
Huile sur toile, 81 × 100 cm
Achat, 1937 Paris, musée d’art moderne de Paris, Inv. AMVP 1712
Crédit Photo: CCØ Paris Musées / Musée d’Art Moderne
de la Ville de Paris

Suzanne Valadon - Oeuvre, 1936
Suzanne Valadon 
Portrait de Geneviève Camax-Zoegger, 1936
Huile sur toile, 56 × 46 cm  
Italie, Bergame, collection particulière
Photo © Galleria Michelangelo

Cette exposition souligne l'étendue, la richesse et la complexité de son œuvre en s'articulant autour de cinq sections thématiques

Apprendre par l’observation 
Portraits de famille
« Je peins les gens pour apprendre à les connaître » 
« La vraie théorie, c’est la nature qui l’impose »
Le nu : un regard féminin. 

Une sélection d’œuvres de ses contemporaines, aux préoccupations picturales proches des siennes, comme Juliette Roche, Georgette Agutte, Jacqueline Marval, Émilie Charmy ou Angèle Delasalle complète cette proposition.

Le fonds d’archives exceptionnel légué en 1974 au Centre Pompidou par le docteur Robert Le Masle, médecin, collectionneur et ami proche de l'artiste, rassemblant de nombreuses photographies, des manuscrits et des documents aujourd’hui conservés à la Bibliothèque Kandinsky, constitue un témoignage essentiel de la personnalité frondeuse de Suzanne Valadon et de sa reconnaissance artistique précoce.

Après les expositions, Alice Neel, Georgia O’Keeffe, Dora Maar ou Germaine Richier, cette monographie s’inscrit dans le cadre de la démarche engagée du Centre Pompidou pour approfondir l’étude et la connaissance du travail et de l’œuvre d’artistes femmes, et accroître la part de leurs œuvres dans la collection.

Commissariat de l'exposition :
Nathalie Ernoult, attachée de conservation au Musée national d'art moderne 
Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz 
Xavier Rey, directeur du Musée national d'art moderne 

L’exposition « Suzanne Valadon » au Centre Pompidou est reprise et adaptée de l’exposition « Suzanne Valadon. Un monde à soi » conçue par le Centre Pompidou-Metz et présentée du 15 avril au 11 septembre 2023. Elle a également fait étape au Musée d’arts de Nantes du 27 octobre 2023 au 11 février 2024 et dans une version adaptée au Museu Nacional d’Art de Catalunya à Barcelone du 19 avril au 1er septembre 2024.

Suzanne Valadon - Catalogue - Centre Pompidou
Suzanne Valadon
Sous la direction Chiara Parisi
Catalogue de l’exposition
280 pages | 240 illustrations | 42 € | en français
Ce livre est l’édition augmentée du catalogue édité par le Centre Pompidou-Metz, aujourd’hui épuisé. Enrichi de 16 pages, il comporte deux essais supplémentaires et le corpus d’Oeuvres est aussi plus important et adapté à l’exposition parisienne. Le texte de Nathalie Ernoult est issu du colloque « Le clan Valadon » sur la question de Suzanne Valadon femme artiste, qui s’est déroulé au Centre Pompidou-Metz en 2023.
Sommaire du catalogue

Préface

Essais
Suzanne Valadon, un monde à soi, Chiara Parisi
Valadon, grand artiste en son temps, Xavier Rey
Valadon, la liberté à tout prix, Jean-Paul Delfino
La bohème et l’éducation moderniste de Suzanne Valadon, Phillip Dennis Cate
Revoir Suzanne Valadon, Daniel Marchesseau
Du modèle à l’artiste, Yelin Zhao

Focus
De Marie-Clémentine à Suzanne. Valadon et Toulouse-Lautrec, Florence Saragoza
Valadon et Puvis de Chavannes, Céline Le Bacon
Tentatrices, Stéphane Guégan
L’éloquence et la sensualité, Valadon dessinatrice, Gilles Genty
Dans l’Œil des artistes : Suzanne Valadon collectionnée par ses pairs, Gwendoline Corthier-Hardoin
Suzanne Valadon dans les collections nationales, Nathalie Ernoult
Au-delà du genre : Valadon, une artiste féministe ?, Magali Briat-Philippe
Suzanne Valadon, Le Lancement du filet, 1914, Sophie Bramly
Comme un homme ?, Louise Chennevière
André Utter, Scène érotique, 1911, Sophie Bramly
« Audacieux pas en avant », La réception et l’héritage de Suzanne Valadon, Paula J. Birnbaum
Suzani versus velours kuba, la possibilité d’un dialogue intérieur, Constance de Monbrison
Portraits bourgeois, Sophie Bernal
Suzanne Valadon, Femme artiste moderne, Claire Lebossé
L’autoportrait dans l’oeuvre de Suzanne Valadon : « Se regarder en face pour atteindre l’âme », Saskia Ooms
Mes rencontres avec la terrible Suzanne, Jeanine Warnod

Bibliographie sélective
Liste des Œuvres exposées

Également disponible :

Album de l’exposition
Suzanne Valadon sous la direction de Nathalie Ernoult
60 pages | 10,50 € | en français et anglais

CENTRE POMPIDOU, PARIS

Suzanne Valadon, Centre Pompidou, Paris, 15 janvier - 26 mai 2025

09/02/25

Exposition Modigliani / Zadkine @ Musée Zadkine, Paris - "Modigliani / Zadkine. Une amitié interrompue" - Présentation de l'exposition + catalogue

Modigliani / Zadkine
Une amitié interrompue
Musée Zadkine, Paris
14 novembre 2024 - 30 mars 2025

Amedeo Modigliani 
Cariatide, vers 1913-1914 
Dessin (graphite, lavis d’encre, pastel)
Paris, musée d’Art Moderne de Paris

Amedeo Modigliani 
La Bourguignonne, 1918 
Huile sur toile 
Collection particulière

Cette exposition au Musée Zadkine est la première à s’intéresser à une amitié artistique jamais explorée jusqu’alors, celle qui unit le sculpteur Ossip Zadkine au peintre Amedeo Modigliani

A travers près de 90 oeuvres, peintures, dessins, sculptures mais également documents et photographies d’époque, elle propose de suivre les parcours croisés de Modigliani et Zadkine, dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910 à 1920. Bénéficiant de prêts exceptionnels de grandes institutions - le Centre Pompidou, le musée de l’Orangerie, les musées de Milan, Rouen et Dijon - ainsi que de prêteurs privés, le parcours fait se confronter, comme au temps de leurs débuts artistiques, deux artistes majeurs des avant-gardes, et permet de renouer les fils d’une amitié interrompue. 

Ossip Zadkine rencontre Amedeo Modigliani en 1913 : les deux artistes, fraîchement débarqués à Paris, rêvent chacun de devenir sculpteurs et partagent alors le « temps des vaches maigres » comme l’écrira Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié, aussi brève que féconde sur le plan artistique, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture, sur le conseil de marchands. Zadkine s’engage comme brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence. Les deux artistes se retrouvent brièvement au sortir de la guerre, avant que leurs voies ne divergent à nouveau. Modigliani connaît un succès croissant avec ses peintures, mais il meurt prématurément à 35 ans, en 1920, tandis que Zadkine entame une longue et fructueuse carrière de sculpteur. Zadkine n’oubliera pas Modigliani et conservera précieusement le portrait fait par son ancien camarade, dont la gloire posthume ne fait que croître, à tel point que « Modi » devient l’une des figures mythiques de l’art moderne. 

L'exposition se déroule en cinq parties :

Modigliani / Zadkine : des débuts à Paris sous le signe de la sculpture

L’exposition débute en présentant côte-à-côte une sélection d’œuvres de Modigliani et Zadkine réalisées entre leurs arrivées respectives à Paris – 1906 pour Modigliani, 1910 pour Zadkine – et les débuts de la Première Guerre mondiale. Lorsque Zadkine rencontre Modigliani en 1913, celui-ci s’adonne pleinement à la sculpture, depuis sa rencontre avec Brancusi en 1909. La parenté de leur quête artistique ne peut que rapprocher les deux artistes : tous deux veulent rompre avec l’esthétique académique et se tournent vers de nouveaux modèles, puisés dans l’Égypte ancienne, les arts khmers et africains. Modigliani cherche un type de visage idéal, à l’ovale accusé et aux yeux en amande dont Zadkine se souviendra encore dans les années 1920, lorsqu’il sculptera à son tour une magnifique série de têtes idéales. 

Modigliani / Zadkine : Une amitié interrompue (1918-1920)

Dessins et portraits peints de Modigliani, accompagnés d’une magnifique sélection de gouaches de Zadkine, illustrent ici les chemins divergents qu’empruntent Zadkine et Modigliani au sortir de la Première Guerre mondiale. La guerre met un terme brutal à l’amitié des deux artistes. Trop fragile pour s’engager, Modigliani est réformé et renonce définitivement à la sculpture, sur le conseil de son marchand Paul Guillaume. Zadkine s’engage dans la Légion étrangère : affecté à l’ambulance russe en 1915 comme brancardier, il est gazé en 1916, puis définitivement réformé en octobre 1917. Les chemins des deux artistes se croisent à nouveau brièvement à la fin de la guerre, avant la mort prématurée de Modigliani en janvier 1920. 

A Montparnasse, les affinités électives

Un magnifique ensemble de « portraits d’amitié » dessinés par Modigliani, met en scène les « Montparnos » que Zadkine et Modigliani fréquentèrent tous deux au temps de leur amitié, tels Max Jacob, Chana Orloff ou André Salmon. Modigliani était en effet célèbre pour les portraits qu’il croquait rapidement, à la terrasse des cafés, en échange d’un verre ou d’un café, ou simplement en gage d’amitié et de reconnaissance. Le portrait qu’il fit de Zadkine, l’un des chefs-d’œuvre de la collection, s’inscrit indubitablement dans cette veine et constitue l’un des fleurons de l’ensemble.

Zadkine et le mythe Modigliani

Ici, documents, films et photographies, témoignent de l’ampleur du « mythe Modigliani » et montrent la part active prise par Zadkine dans l’édification de la légende. La mort de Modigliani, emporté par une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920, constitue un traumatisme pour la communauté d’artistes installés à Montparnasse. Dès les années 1920, la légende s’empare de cet artiste au destin tragique. Ceux qui l’ont connu et admiré de son vivant, livrent tour à tour leur témoignage.

Zadkine ne fait pas exception : dès 1930, le sculpteur évoque son ami dans un numéro spécial dédié à Modigliani. Dans ses souvenirs, publiés un an après sa mort en 1967, Zadkine brosse un éloquent portrait, haut en couleurs, de « Modi » et apporte ainsi sa pierre à l’édification de la légende du « prince de Montparnasse ».

Pour évoquer cette amitié artistique, le plasticien Ange Leccia a choisi de réaliser un film, intitulé Adelia, Zadkine et Modigliani. Il met en scène une adolescente d’aujourd’hui en train de regarder des portraits photographiques des deux artistes, dont les images fantasmatiques se superposent et s’estompent, en écho à la légende qui entoure les deux artistes. 

Des extraits d’une émission de 1963 avec Blaise Cendrars et Ossip Zadkine évoquant leur jeunesse avec Modigliani viennent enrichir cette partie illustrant le mythe. 

Un temple pour l’humanité

Avec sa scénographie volontairement immersive et spectaculaire, la dernière partie met en scène le rapport qu’entretinrent chacun des deux artistes à l’architecture et au sacré, à travers le motif du Temple. Les têtes sculptées par Modigliani dans les années 1910 sont en effet conçues comme un ensemble décoratif devant s’intégrer dans un spectaculaire « temple de volupté » soutenu par des « colonnes de tendresse » (comme l’écrivait le marchand Paul Guillaume) qu’auraient symbolisé de souples femmes-cariatides. Ce motif de la cariatide, inlassablement dessiné par Modigliani est également repris à maintes reprises par Zadkine et donne lieu à certains chefs-d’œuvre du sculpteur, dont la réputation avant-guerre tient largement à ses grands bois sculptés, avatars modernes des divinités antiques. 

Modigliani / Zadkine vu par les artistes d’aujourd’hui

Afin d’ancrer le dialogue entre Modigliani et Zadkine dans l’actualité artistique, trois artistes ont été invités à contribuer au catalogue : Giuseppe Penone, qui possède dans sa collection personnelle une Cariatide attribuée à Modigliani, ainsi qu’Ange Leccia et Ivan Messac. 

COMMISSARIAT DE L'EXPOSITION

Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Zadkine
Thierry Dufrêne, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Nanterre
Avec la collaboration d’Anne-Cécile Moheng, attachée de conservation au musée Zadkine

LE CATALOGUE DE L'EXPOSITION


Modigliani Zadkine
Une amitié interrompue
Edité par le Musée Zadkine et Paris Musées
L’ouvrage met l’accent sur l’amitié de deux artistes qui se sont croisés et influencés réciproquement dans le contexte mouvementé et fécond du Montparnasse des années 1910-1920, et prolonge cette évocation jusqu’à nos jours, par le regard de trois artistes contemporains. Sous la direction de Cécilie Champy-Vinas et Thierry Dufrêne. Avec les contributions de Diederik Bakhuÿs, Cécilie Champy-Vinas, Thierry Dufrêne, Flavio Fergonzi, Véronique Gautherin, Ange Leccia, Ivan Messac, Marianne Le Morvan, Maureen Murphy, Anne-Cécile Moheng, Giuseppe Penone. 16 x 24 cm, relié, 160 pages, 130 illustrations : 30 €
MUSÉE ZADKINE, PARIS
100 bis, rue d’Assas - 75006 Paris

23/01/25

Exposition Le Corbusier @ Zentrum Paul Klee, Berne - "Le Corbusier. L'ordre des choses"

Le Corbusier. L'ordre des choses
Zentrum Paul Klee, Berne
8 février - 22 juin 2025

À l’occasion de son 20e anniversaire, le Zentrum Paul Klee consacre la première grande exposition temporaire de l’année à Le Corbusier avec "Le Corbusier. L'ordre des choses". L’exposition s’intéresse à l’élaboration du travail de cet artiste architecte, designer et urbaniste franco-suisse ainsi qu’à sa pensée plastique. Elle propose un large aperçu de l’ensemble de son œuvre à partir d’une perspective artistique à travers des pièces iconiques mais aussi des groupes d’œuvres encore peu connues.

L’élaboration du travail de Le Corbusier au cœur de l’exposition

Charles-Édouard Jeanneret, connu dans le monde entier sous le pseudonyme de Le Corbusier, compte parmi les pionniers de l’architecture moderne en Suisse. Figure centrale de la modernité internationale parmi les plus marquantes et influentes du monde, Le Corbusier (né en 1887 à La Chaux-de-Fonds, Suisse – mort en 1965 à Roquebrune-Cap-Martin, France) exerçait non seulement comme architecte, mais aussi comme artiste, urbaniste, designer, écrivain et théoricien. Depuis 2016, une partie de son œuvre architecturale est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
« Être moderne n’est pas une mode, c’est un état. »
Le Corbusier, extrait de : Jean Petit, Le Corbusier lui-même, Editions Rousseau, 1970, p. 184
Le Corbusier a marqué l’architecture moderne par son formidable entrain, ses projets radicaux et son éloquence impétueuse. Dans son œuvre, il ambitionne de repenser les habitations et l’espace urbain. Son approche réunit l’art, le design et l’architecture. Il aspire à créer un nouvel environnement de vie et à améliorer la qualité de vie des gens avec une architecture fonctionnelle et esthétique. Pour ce faire, il met à profit les nouvelles possibilités du progrès technique et les associe à des principes esthétiques classiques tels que le nombre d’or. Le Corbusier propose d’utiliser les produits des technologies modernes, à l’instar du paquebot, de l’avion et de l’automobile, comme modèles pour l’architecture, leur forme étant proportionnée à leur fonction. Dans ses bâtiments, il recourt au béton armé et élabore des méthodes pour utiliser de manière innovante les possibilités artistiques et sculpturales de ce procédé de construction moderne.
« Tout est dans l’intention, dans le germe. Rien n’est vu, apprécié, aimé que ce qui est si bien, si beau que du dehors on pénètre au cœur même de la chose par l’examen, la recherche, l’exploration. Ayant parcouru un chemin multiple, on trouve alors le cœur de la chose. »
Le Corbusier, extrait de : L’Atelier de la recherche patiente, 1960, p. 201
L’exposition met en évidence l’élaboration du travail de Le Corbusier, sa pensée plastique et ses expérimentations artistiques au sein de l’« Atelier de la recherche patiente », ainsi désignait-il sa démarche artistique. Elle révèle son approche par tâtonnement de la forme, mais aussi de la composition et de l’espace, de la lumière et de la couleur. La présentation rassemble de nombreux dessins et études provenant de son atelier. Pour Le Corbusier, le dessin a toujours été un moyen fondamental pour garder en mémoire ce qu’il avait vu et l’assimiler, ainsi que pour concevoir de nouvelles idées. Par ailleurs, l’exposition met en lumière les sources irriguant son processus de conception : d’objets qu’il trouvait sur la plage à l’architecture antique.

Le principe de l’ordre chez Le Corbusier

L’« ordre » jouait un rôle primordial pour Le Corbusier. Avec cette notion, l’exposition s’empare en outre d’un thème du champ de l’histoire de l’art et de la culture, intelligible et universel, remontant à l’Antiquité et toujours actuel. Dans les années 1920 en particulier, l’« ordre » constituait un concept clé de la pensée corbuséenne. Pour Le Corbusier, concevoir signifiait « ordonner » les choses. Comprendre le monde et l’organiser à travers l’ordre, était, selon lui, le devoir de l’art et de l’architecture. Ce n’est que par l’ordre, croyait-il, que l’individu peut s’épanouir intellectuellement et se libérer des caprices de la nature, du hasard et de l’arbitraire.
« Là où naît l’ordre, naît le bien-être. »
Le Corbusier, extrait de : Vers une architecture, 1923, p. 39
En architecture, le principe de l’ordre se réfère d’abord au souhait de créer un rapport harmonieux entre les formes et les couleurs, la lumière et l’espace. La conception de l’ordre selon Le Corbusier trouve son origine dans des traditions classiques de l’art et de l’architecture, à l’instar de l’art de la construction antique. L’intérêt de Le Corbusier pour l’ordre constituait en même temps une réaction aux défis de son époque : les mauvaises conditions de vie dans les villes industrielles, les destructions de la Première Guerre mondiale, les changements dans le quotidien induits par le progrès technique, les révolutions en Europe, ainsi que les crises économiques des années 1920.

Il partage avec l’avant-garde artistique de son époque l’élan radical de remettre en question les traditions et de repenser entièrement l’espace de vie des individus, de l’« ordonner ». Dans ce cas, l’ordre est une notion utopique mais aussi ambivalente : elle promet le calme et la sécurité tout en exigeant des règles et de la discipline. Elle comprend la conception des espaces et la structure des villes jusqu’à la question de l’organisation du vivre-ensemble. Elle relie l’art et l’architecture, la culture et la société. 

Le Corbusier : Art, architecture et recherche

L’exposition s’articule de manière thématique et chronologique autour de trois axes : l’art, l’architecture et la recherche. 

L’axe Art montre l’évolution artistique de Le Corbusier, de ses années de formation jusqu’à son œuvre tardive. Pour lui, l’art a toujours joué un rôle capital à la fois comme activité autonome et comme moteur pour l’architecture et le design. Cette partie de l’exposition commence avec des études de la nature, de paysage et d’architecture rarement présentées qui mettent en évidence la manière dont le jeune Charles-Édouard Jeanneret s’initie à l’espace et à l’architecture. S’ensuivent des peintures iconiques du « purisme » des années 1920 – mouvement avant-gardiste fondé par Le Corbusier et l’artiste Amédée Ozenfant à Paris. L’axe Art comprend, en outre, des dessins abstraits colorés, des sculptures étonnantes et des papiers collés de son œuvre tardive qui révèlent un aspect peu connu de Le Corbusier.

L’axe Architecture est consacré à la pratique de conception de Le Corbusier et à son intérêt pour les principes d’ordre en architecture. Cette section présente des études de projets réalisés et non-réalisés. Parmi les pièces exposées figurent de remarquables esquisses et dessins, des études et des projets en urbanisme, des maquettes et des visualisations dont le caractère artistique au premier plan souligne les parallèles étroits avec l’œuvre artistique de Le Corbusier. Les plans originaux de projets célèbres comme l’Unité d’Habitation à Marseille (1945-1952), la ville de Chandigarh en Inde (1950-1965) ou la chapelle Notre-Dame-Du-Haut de Ronchamp (1950-1955) sont également visibles. Les croquis novateurs presque cinématographiques des villas modernistes réalisées par Le Corbusier dans les années 1920 qui invitent à la « promenade architecturale » font également partie de l’exposition. De nombreuses photographies de Richard Pare permettent au public d’établir un lien entre les études architecturales et le bâti. L’exposition s’achève sur une installation vidéo grand format réalisée par l’artiste autrichien Kay Walkowiak (*1980) consacrée à l’état actuel de la ville de Chandigarh.

L’axe Recherche constitue le cœur de l’exposition. Cette section dédiée au concept de l’« Atelier de la Recherche Patiente » forme une passerelle entre l’architecture et l’art. Elle donne au public un aperçu du travail quotidien de Le Corbusier, dont l’activité était répartie entre deux ateliers parisiens : son bureau d’architecte rue de Sèvres et son atelier d’artiste situé rue Nungesser-et-Coli. L’axe Recherche montre, entre autres, la collection d’objets naturels de Le Corbusier qu’il considérait comme des « objets à réaction poétique » et qui formaient une source importante de son processus de conception. Une sélection de ses photographies est également présentée ici. Pour la première fois en Suisse, le Zentrum Paul Klee montre en outre la collection de cartes postales de Le Corbusier qui permet de s’immerger dans l’univers visuel à nul autre pareil de cet artiste architecte. Des livres de Le Corbusier ainsi que des brouillons de livres sont également visibles. Enfin, une salle est consacrée à ses légendaires dessins qu’il réalisa lors de conférences en présence du public. Ils proviennent de ses voyages et conférences à l’étranger et témoignent de sa ferveur à diffuser les idées modernistes.

Le Corbusier : Contextualisation historique

De nombreux textes muraux et explicatifs facilitent la compréhension de l’œuvre de Le Corbusier dans son contexte historique. L’exposition met également à disposition des informations sur le parcours de Le Corbusier, tandis qu’elle éclaire de manière scientifique son rapport controversé à la politique, ses positionnements idéologiques et son héritage culturel. À ce sujet, le Zentrum Paul Klee prend appui sur l’étude « Le Corbusier, les Juifs et les fascismes. Une mise au point » produite par l’historien Jean-Louis Cohen pour le compte de la ville de Zurich en 2012, ainsi que sur les connaissances actuelles de la recherche.

Inauguration le vendredi 7 février 2025, à 18:00. Ce soir-là, l’entrée à l’exposition sera libre.

Commissaire d’exposition : Dr. Martin Waldmeier, Zentrum Paul Klee

Assistante commissaire d’exposition : Amélie Florence Joller

Collaboration : L'exposition a été organisée en collaboration avec la Fondation Le Corbusier, Paris.

Le Corbusier. Die Ordnung der Dinge
Catalogue édité par Martin Waldmeier et Nina Zimmer
Avec des textes de Tim Benton, Marianna Charitonidou, Johan
Linton, Danièle Pauly, Arthur Rüegg, Amélie Joller et Martin
Waldmeier, de nombreuses reproductions ainsi qu’un glossaire
des concepts artistiques et architectoniques de Le Corbusier
Seulement disponible en allemand
ISBN 978-3-03942-220-3
256 pages, 240 reproductions, 18 x 24 cm
Éditions Scheidegger & Spiess, Zurich, 2025

ZENTRUM PAUL KLEE, BERN

13/04/24

Exposition Miró @ Musée de Grenoble - Miró. Un brasier de signes. La collection du Centre Pompidou + Catalogue

MIRÓ Un brasier de signes
La collection du Centre Pompidou
Musée de Grenoble
20 avril - 21 juillet 2024

Le musée de Grenoble présente, en partenariat avec le Centre Pompidou, une exposition consacrée à Joan Miró (Barcelone, 1893 - 1983, Palma de Marjorque). Comprenant plus de 130 œuvres, Un brasier de signes offre un panorama de l’œuvre de l’artiste dans la collection du Musée national d’art moderne, complétée par des œuvres du musée de Grenoble et de la Fondation Miró de Barcelone. Au sein de ce prêt remarquable, figurent les trois « Bleu » qui voyagent exceptionnellement hors de Paris et resteront en dépôt au musée de Grenoble. L’exposition qui met l’accent sur l’iconoclasme, l’énergie créatrice et la modernité artistique du peintre jalonne la totalité de sa carrière tout en offrant un regard privilégié sur son œuvre ultime, des années 1960-1970, une période d’exil intérieur et d’expérimentation intense. Elle s’inscrit dans le cycle des grandes expositions du musée de Grenoble revisitant l’oeuvre d’artistes majeurs du XXe siècle, comme Picasso, Bonnard, Twombly. Cet événement préfigure le programme Centre Pompidou | Constellation construit en partenariat avec les plus grandes institutions culturelles à Paris, en France et à l’international et qui fera rayonner le Centre Pompidou durant ses travaux de rénovation.

Au même titre que celle de Picasso, l’œuvre de Joan Miró, par sa liberté créatrice et son iconoclasme latent, occupe au XXe siècle une place inédite qui lui confère la stature du mythe et l’élève au rang de l’universalité. Ancrée dans la terre catalane de son enfance, elle voit le jour dans les années 1910 avec les peintures dites « détaillistes » de Montroig, scènes réalistes et paysannes qui retiennent la leçon de l’art naïf et du cubisme naissant. Puis, au milieu des années 1920, ses « peintures de rêve » dont la magie poétique séduit les surréalistes tels que Robert Desnos et Michel Leiris lui apportent la reconnaissance artistique. Posant un regard tantôt émerveillé, tantôt plus sombre sur le monde qui l’entoure, le peintre donne progressivement corps à ce que son biographe, le poète Jacques Dupin, a élégamment qualifié de « Mirómonde ».

A partir de 1956, l’installation à Palma de Majorque constitue un nouveau tournant dans son oeuvre. Durant cette période de créativité intense, sa peinture se métamorphose, devient de plus en plus gestuelle, directe et n’est pas sans évoquer les « peintures sauvages » nées dans les années 1930, dans le contexte de la montée du nazisme. 

Portant sur un ensemble de près de 90 oeuvres réalisées dans les années 1960-1970, la dernière période de création de l’artiste est particulièrement bien représentée dans la collection du Centre Pompidou - Musée national d’art moderne. Dans l’exposition, une attention particulière est portée à ces ultimes années d’une extraordinaire fécondité où l’artiste affirme avec une puissance inédite son désir de liberté et d’expérimentations, antidote absolu à toute forme d’académisme et d’oppression. Parmi les œuvres présentées, les trois « Bleu » (1961) marquent un moment fort de l’exposition. Incarnant trois temps d’une même œuvre, ils soulignent l’accomplissement de toute la recherche plastique et poétique de Miró. Leur couleur céleste, célébrant le calme et la sérénité, invite à un voyage méditatif.

Commissariat de l'exposition

Sophie Bernard, conservatrice en cheffe des collections d’art moderne et contemporain du musée de Grenoble, commissaire
Aurélie Verdier, conservatrice en cheffe Centre Pompidou - Musée national d’art moderne, commissaire associée

CATALOGUE DE L'EXPOSITION

Miró. Un Brasier de signes
La collection du Centre Pompidou
Édition In fine

Les auteurs :
Sophie Bernard, Aurélie Verdier, Anne Foucault, Jean-Christophe Bailly, Guitemie Maldonado, Juan-José Lahuerta et Anne Montfort-Tanguy.

Sommaire :
• Brève excursion au pays de Miró, Jean-Christophe Bailly
• Le Nourrisson savant. Joan Miró et l’enfance révolutionnaire, hiver 1923, Aurélie Verdier
• Le Langage d’Éros. Surréalisme, inconscient, élan vital et féminin dans l’oeuvre de Miró, Sophie Bernard
• « Anti-peinture » et « danseuses espagnoles » de Joan Miró : deux actes analogues, Juan-José Lahuerta
• « La négation de toutes les négations. » Miró dans l’Espagne franquiste, 1939-1975, Anne Montfort-Tanguy
Notices de Sophie Bernard, Anne Foucault et Aurélie Verdier

MUSÉE DE GRENOBLE
5, place de Lavalette, 38000 Grenoble 

31/03/24

Exposition Jean Hélion @ Musée d'Art Moderne de Paris - " Jean Hélion, La prose du monde", une rétrospective

Jean Hélion, La prose du monde
Musée d'Art Moderne de Paris
22 mars - 18 août 2024

Le Musée d’Art Moderne de Paris propose une exposition rétrospective de l'œuvre de Jean Hélion (1904 - 1987), peintre et intellectuel dont l’œuvre traverse le XXᵉ siècle : Jean Hélion est l’un des pionniers de l’abstraction qu'il introduisit en Amérique dans les années 1930, avant d’évoluer vers une figuration personnelle à l’aube de la seconde guerre mondiale.

Revenu en France après la guerre et salué dans les années 1960 par la nouvelle génération des peintres de la Figuration narrative comme Gilles Aillaud ou Eduardo Arroyo, Jean Hélion bénéficiera de son vivant de nombreuses expositions dans les galeries et les institutions françaises et internationales comme celle du MAM en 1977 et 1984 - 85, la dernière rétrospective ayant été présentée au Centre Pompidou en 2004. Malgré son importance et sa singularité, son œuvre reste aujourd’hui encore peu connue du public.

Organisée de manière chronologique, l’exposition Jean Hélion, La prose du monde rassemble plus de 150 œuvres (103 peintures, 50 dessins, des carnets ainsi qu’une abondante documentation), rarement présentées au public, provenant de grandes institutions françaises et internationales ainsi que de nombreuses collections privées.

Né en 1904 en Normandie, Jean Hélion s’oriente d’abord vers des études d’architecture à Paris. Après une brève expérience montmartroise en 1929, il se lie à Théo van Doesburg et Piet Mondrian, s’oriente vers l’abstraction géométrique et participe au groupe Art Concret ainsi qu’à la création du collectif Abstraction-Création qui rassemblera les meilleurs représentants de l’art abstrait entre les deux guerres. Ami de Calder, Arp et de Giacometti, il est également proche de Max Ernst, de Marcel Duchamp ou de Victor Brauner.

En 1929, il commence la rédaction des Carnets, réflexion sur la peinture qu’il poursuivra jusqu’en 1984. Jean Hélion est également proche des écrivains de son temps : Francis Ponge, Raymond Queneau, René Char, André du Bouchet... et n’a de cesse de les associer à son parcours artistique.

À partir de 1934, Jean Hélion s’installe aux États-Unis où il se lie d’amitié avec Marcel Duchamp. Il devient l’un des acteurs les plus importants de l’abstraction et une figure éminente de la vie artistique américaine, conseiller auprès de grands collectionneurs.

Pourtant dès le milieu des années 1930, ses formes s’animent, préfigurant un retour à la figure humaine. Fidèle à son intuition, Jean Hélion se détourne alors de l’abstraction en 1939 au moment où celle-ci commence à s’imposer sur la scène internationale, pour s’intéresser davantage à la figure humaine et « au réel ».

Pressentant la fragilité des choses au moment où éclate le second conflit mondial, Hélion procède alors à une reconstruction de l’image à partir de son langage abstrait : les œuvres qui en résultent présentent des scènes de rue tirées du quotidien où toute sentimentalité est absente.

Interrompant sa carrière de peintre, Hélion s’engage pendant la guerre aux côtés de l’armée française; il est fait prisonnier en 1940. Le récit de son évasion They Shall Not Have Me, publié en 1943 et récemment traduit en français deviendra un best-seller.

De retour à Paris en 1946, marié à Pegeen Vail (fille de Peggy Guggenheim), il peine à trouver sa place sur la scène parisienne. Malgré tout, il réinvente la figuration en abordant différents styles et nombreux sujets : le nu (Nu renversé, 1946), le paysage (Le Grand Brabant, 1957), la nature morte (Nature morte à la citrouille, 1946 ou Citrouillerie, 1952), l’allégorie (À rebours, 1947, Jugement dernier des choses, 1978 - 79), la peinture d’histoire (Choses vues en mai, 1969) et vue d’atelier (L’atelier, 1953 acquis récemment par le MAM avec le soutien des Amis du Musée d’Art Moderne et le Fonds du Patrimoine). Paris, la rue, les choses où se mêle le songe, sont une source d’inspiration inépuisable pour écrire sa « prose du monde ».

Commissaire :  Sophie Krebs
Commissaire invité : Henry-Claude Cousseau
Assistés d'Adélaïde Lacotte

Catalogue

Jean Hélion - Catalogue
Jean Hélion, La prose du monde
Éditions Paris Musées
248 pages, 45 €
L’exposition est accompagnée d’un catalogue publié sous la direction de Sophie Krebs et Henry-Claude Cousseau, commissaires de l’exposition, et préfacé par Fabrice Hergott, avec les contributions de Vincent Broqua, Pierre Brullé, Éric de Chassey, Céline Chicha-Castex, Oliver Koerner Von Gustorf, Brigitte Léal, Guitemie Maldonado, François-René Martin, Emmanuel Pernoud.
Sommaire

Présence d’Hélion, Fabrice Hergott
Notre jour enfui, Pierre Bergounioux
Le voir et l’intelligible ou la peinture et son double, Henry-Claude Cousseau
Affinités parisiennes, Sophie Krebs
1904-1928 – Les années d’apprentissage
1929-1939 – De la forme à la figure. « Un abstrait devenu figuratif ». Des virages à double sens, Guitemie Maldonado
Calder-Hélion: mobiles et équilibres, Brigitte Leal
1940-1949 – Entre réel et imaginaire. Portrait d’Hélion en peintre du dimanche, Emmanuel Pernoud
Tomber, relever, se relever. Hélion et les maîtres anciens, François-René Martin
1950-1965 – Le parti pris des choses
Choses vues en mai. Une peinture de comportement, Éric de Chassey
1980-1987 – À perte de vue. Hélion, à titre d’exemple, Pierre Brullé
Le talentueux M. Hélion, Oliver Koerner von Gustorf
Œuvres exposées
Expositions personnelles (sélection)
Ouvrages cités
Bibliographie

MUSÉE D’ART MODERNE DE PARIS
11 avenue du Président Wilson, 75116 Paris

21/01/24

O’Keeffe et Henry Moore : Géants de l’art moderne @ Musée des beaux-arts de Montréal

O’Keeffe et Henry Moore : 
Géants de l’art moderne
Musée des beaux-arts de Montréal
10 février – 2 juin 2024

O’Keeffe et Henry Moore : géants de l’art moderne



Yousuf Karsh, Georgia O’Keeffe
Yousuf Karsh (1908-2002), Georgia O’Keeffe, 1956 
MBAM, don d’Estrellita Karsh à la mémoire de Yousuf Karsh 

Henry Moore
Henry Moore dans l’atelier « du haut », à Perry Green. vers 1953 
Reproduit avec l’autorisation de la Henry Moore Foundation 
Photo Roger Wood

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente, en première canadienne, O’Keeffe et Henry Moore : géants de l’art moderne, une exposition d’envergure qui met pour la première fois en dialogue l’œuvre de la peintre américaine Georgia O’Keeffe (1887-1986) et celle du sculpteur anglais Henry Moore (1898-1986). Organisée par le San Diego Museum of Art, cette grande exposition dresse un parallèle inédit entre la vie et la production de ces deux artistes qui ont marqué le XXe siècle. A travers plus de 120 œuvres et la reconstitution de leur atelier personnel, elle retrace l’évolution de leur pratique artistique et témoigne de l’influence profonde du monde naturel sur leur travail.

Bien qu’ils aient vécu sur deux continents distincts, O’Keeffe et Moore ont partagé une vision semblable de l’art moderne. Le point commun entre ces deux artistes réside dans l’inspiration que chacun tire de la nature et dans leur association durable avec les vastes paysages ruraux environnants. Si d’autres de leurs contemporains, comme Piet Mondrian et Hans Arp, empruntent la voie des formes organiques pour atteindre l’abstraction, O’Keeffe et Moore centrent leur approche sur cet aspect fondamental.

Au cours de leurs excursions quotidiennes et de leurs voyages, les deux artistes amassent des pierres, des crânes et ossements d’animaux, des racines, des morceaux de bois, ainsi que des coquillages dont leurs ateliers regorgent. Leur vaste collection révèle des similitudes étonnantes. Pour la première fois, la reconstitution méticuleuse de leur atelier respectif permet au public d’observer comment ces objets trouvés façonnent leurs créations et leur inspirent certaines de leurs œuvres les plus importantes.

« À notre connaissance, les deux artistes ne se sont rencontrés qu’une seule fois, à l’occasion de la rétrospective Moore tenue au Museum of Modern Art en 1946. O’Keeffe a eu droit elle aussi à une rétrospective la même année. Il y a lieu de se questionner sur le message que cette grande institution a voulu lancer en mettant ces deux artistes à l’affiche à un moment où le monde se relevait du traumatisme de la guerre. A-t-elle voulu dire que leur œuvre offre quelque chose de vivifiant, de positif et de bienfaisant par le lien humaniste qu’elle entretient avec la nature ? », poursuit Anita Feldman, directrice adjointe de la conservation et de l’éducation, San Diego Museum of Art.

Georgia O’Keeffe et Henry Moore ont fait l’objet d’innombrables expositions. Pour la première fois sont réunies des œuvres des deux artistes provenant majoritairement de la Fondation Henry Moore, en Angleterre, et du Georgia O’Keeffe Museum, au Nouveau-Mexique, ainsi que d’une vingtaine de collections muséales et privées. L’exposition comprend des peintures, des œuvres sur papier et des sculptures réalisées à partir de diverses matières allant du plâtre au bronze, sans oublier le marbre, le calcaire Hoptonwood et l’albâtre de Cumberland. On y retrouve même une sculpture taillée à même une stalactite. Parmi les chefs-d’œuvre présentés, mentionnons Panier à oiseaux (1939), Figure allongée (1959-1964), « Trois morceaux no 3 : vertèbres », (1968) et Modèle de travail pour « Ovale avec pointes » (1968-1969) de Moore, et Arisème petit-prêcheur III (1930), Tête de bélier, belle-de-jour bleue (1938) et Le mont Pedernal vu depuis le ranch no 1, (1956) d’O’Keeffe. La présentation montréalaise est par ailleurs enrichie d’un « dessin de transformation » et de quatre sculptures de Moore, en plus d’un portrait d’O’Keeffe réalisé par Yousuf Karsh, tous issus de la collection du MBAM.

GEORGIA O’KEEFFE ET HENRY MOORE : 
GÉANTS DE L’ART MODERNE
PARCOURS DE L'EXPOSITION

Déployée en six sections, l’exposition propose une série de galeries thématiques qui portent un regard approfondi sur les formes naturelles qui ont marqué les créations d’O’Keeffe et de Moore. Elle débute par une présentation des premières études d’après nature des deux artistes. Elle offre un aperçu de l’influence, sur leur travail, du mouvement surréaliste qui se répand dans les années 1930. Ce mouvement se caractérise par un intérêt pour les thèmes de la transformation et de la métamorphose, ainsi que pour les juxtapositions d’objets insolites et les ruptures d’échelle.

Une section de l’exposition est consacrée à l’une des plus importantes sources d’inspiration de Georgia O’Keeffe et de Henry Moore : les ossements. Les deux artistes explorent la complexité interne des crânes et admirent la puissance et la robustesse des ossements, tout comme leurs arêtes tranchantes. Tous deux les mettent en relation avec le ciel qu’ils regardent par leurs ouvertures de manière à jouer avec la perspective et l’échelle.

Dans les années 1940, Georgia O’Keeffe et Henry Moore quittent respectivement les centres artistiques de New York et de Londres. La première s’installe dans les collines désertiques du Nouveau-Mexique, où elle vit et travaille au gré des saisons : à Ghost Ranch (en été et en automne) et à Abiquiú (en hiver et au printemps). Comme O’Keeffe, Moore travaille dans divers ateliers avant de s’installer dans le paysage rural de Perry Green, dans le Hertfordshire, après que sa résidence londonienne a été endommagée par les bombardements. Là-bas, il occupe plusieurs ateliers aménagés dans des hangars et des écuries reconvertis, au milieu de vastes pâturages.

Des meubles originaux et des répliques donnent vie aux ateliers reconstitués dans les salles de l’exposition et illustrent l’environnement dans lequel Georgia O’Keeffe et Henry Moore travaillent, entourés d’objets trouvés dans la nature. L’atelier d’O’Keeffe à Ghost Ranch intègre notamment un chevalet et des tableaux inachevés de l’artiste, ainsi que des pinceaux taillés par ses soins, des pastels de sa confection, des fiches chromatiques destinées à consigner des couleurs précises et même des outils lui servant à tendre ses toiles. L’atelier de Moore, Bourne Maquette Studio, contient pour sa part des étagères pleines d’objets trouvés et de petites sculptures directement moulées sur ces objets, notamment des maquettes en plâtre de figures humaines, des coquillages, du bois flotté, des bouts de silex ainsi que des os et cornes d’animaux amassés au cours de ses promenades dans les champs de moutons. On y trouve également quelques raretés telles qu’un crâne de rhinocéros noir et une vertèbre de girafe que l’artiste a reçus en cadeau de la part de l’éminent biologiste Julian Huxley. Cet arrangement de formes et d’objets souligne la relation intrinsèque qui unit tous les êtres vivants.

Une autre section porte sur les vastes collections de galets, de silex, de roches de rivière et de roches ferrugineuses des deux artistes qui, superposés et imbriqués, servent à réaliser bon nombre de leurs œuvres. Tous deux sont fascinés par l’immense variété des pierres aux surfaces tantôt corrodées et texturées, tantôt lisses et nuancées, allant même jusqu’à explorer des sites archéologiques pour étudier la manière dont ces pierres monumentales s’intègrent les unes aux autres. L’exposition examine par ailleurs l’évolution du travail de chaque artiste avec les formes organiques, explorant des formes internes et externes comme celles des fleurs et des coquillages. Le dialogue fécond entre les œuvres présentées jette un éclairage nouveau sur les peintures florales d’O’Keeffe qui tranche avec l’habituelle interprétation sexualisée de son œuvre, qu’elle n’a cessé de réfuter.

Le parcours se termine par la présentation d’œuvres tardives, des paysages caractérisés par des formes épurées et des échelles démesurées qui créent une monumentalité dans la simplicité. Certaines œuvres de Moore illustrent sa façon de transformer une figure en paysage métaphorique, tandis que les compositions d’O’Keeffe, constituées de bandes de couleur et de lumière, illustrent l’immobilité et le passage du temps.

Une exposition organisée par le San Diego Museum of Art, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal.

Commissariat : Anita Feldman, directrice adjointe de la conservation, San Diego Museum of Art. Iris Amizlev, conservatrice – Projets et engagement communautaires, est responsable de la présentation montréalaise.

Publication : L’exposition est accompagnée d’un élégant ouvrage illustré, publié en anglais par Marquand Books, et adapté en français par les Éditions du Musée des beaux-arts de Montréal. Sous la direction d’Anita Feldman, il réunit des essais d’Hannah Higham, de Jennifer Laurent, de Barbara Buhler Lynes, d’Ariel Plotek et de Chris Stephens, qui offrent un éclairage nouveau sur les méthodes de travail d’O’Keeffe et de Moore, artistes dont la pratique est profondément ancrée dans leur environnement.
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL
1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal (Québec) H3G 1J5

02/04/23

Mondrian, la quête de l'abstraction @ Château des Baux-de-Provence

Mondrian, la quête de l'abstraction 
Château des Baux-de-Provence
A partir du 14 avril 2023

En écho à la programmation des Carrières des Lumières, le Château des Baux-de-Provence propose au public une exposition en plein air retraçant la vie et l’oeuvre de l’artiste néerlandais Piet Mondrian (1872-1944). À partir du 14 avril 2023, les visiteurs pourront déambuler librement dans les jardins des Baux-de-Provence et admirer au sein de ce cadre unique les oeuvres emblématiques de cet artiste majeur du XXe siècle.

Peintre et théoricien néerlandais, Piet Mondrian est aujourd’hui reconnu pour ses fascinantes oeuvres abstraites construites à partir de lignes droites horizontales et verticales se recoupant en angle droit et résultant en un enchaînement de surfaces quadrangulaires. En quête d’un langage pictural universel adapté à l’ère moderne, Mondrian a joué un rôle important dans le développement de l’art abstrait. Il est notamment connu pour être le fondateur du néoplasticisme, mouvement artistique qui défend l’abstraction rigoureuse en suivant un processus créatif quasi-doctrinal. Cette vision esthétique se rattache à la revue De Stijl (« Le Style » en néerlandais) et au groupe du même nom fondés en 1917 par Mondrian avec son compatriote, Theo van Doesburg. Les travaux de Mondrian, révolutionnaires et influents, ont contribué à faire de l’art abstrait une forme d’expression artistique majeure du XXe siècle.

Mais s’il reste célèbre pour ses oeuvres abstraites, Mondrian travaille pourtant l’art figuratif au début de sa carrière. Il parcourt un long cheminement dans sa réflexion esthétique avant d’aboutir à l’abstraction totale de ses oeuvres. Il entreprend sa carrière d’artiste en se basant notamment sur la tradition paysagère néerlandaise de la fin du XIXe siècle, puis s’exerce au symbolisme, au néo-impressionnisme, au luminisme ou encore au cubisme. C’est à partir des années 1914-1915 qu’il trouve son propre langage pictural : s’affranchissant de la figuration, il emploie alors un trait radicalement géométrique et une palette de couleurs pures et primaires. Tout au long de sa quête stylistique, Mondrian livre nombre d’oeuvres novatrices, non seulement par la force expressive et la puissance chromatique qui les caractérisent, mais aussi par le dynamisme de leurs traits.

À travers onze stations de panneaux grands formats mêlant photographies et reproductions, cette exposition revient sur les moments forts de la carrière de Mondrian et sur les différentes influences esthétiques et philosophiques qui le nourrirent. Elle mettra en évidence la réflexion esthétique qui l’accompagna tout au long de sa carrière, depuis ses oeuvres de jeunesse académiques jusqu’à ses oeuvres les plus abstraites et qui fit de lui une figure majeure de l’art abstrait du XXe siècle.

CHÂTEAU DES BAUX-DE-PROVENCE
13 520 Les Baux-de-Provence

19/02/23

Picasso. Artiste et modèle – Derniers tableaux @ Fondation Beyeler, Riehen/Basel

PICASSO 
Artiste et modèle – Derniers tableaux 
Fondation Beyeler, Riehen/Basel 
19 février – 1er mai 2023 

Dans le cadre des commémorations internationales du 50ème anniversaire de la disparition de PABLO PICASSO (1881–1973), la Fondation Beyeler présente une sélection concentrée de dix toiles tardives de l’artiste en provenance de la Collection Beyeler, de l’Anthax Collection Marx et d’autres collections privées.

Au cours de la dernière décennie de sa vie, alors qu’il est déjà âgé de plus de 80 ans, l’artiste espagnol poursuit de manière hautement productive son œuvre audacieux. Avec une énergie irrépressible, au cours de cette ultime période il produit souvent plusieurs œuvres par jour, faisant preuve d’une saisissante puissance créatrice, comme s’il cherchait à combattre l’âge et la diminution attenante de ses capacités de création artistiques et corporelles. Parmi les nombreux travaux des années 1960 et du début des années 1970 figure un important groupe d’œuvres dans lesquelles Picasso se consacre au sujet de l’artiste et du modèle. Dans ces œuvres hautement expressives, il explore d’une part l’image (de soi) de l’artiste et d’autre part l’acte et le processus de création.

Oscillant entre autoportrait, cliché et caricature, certains des tableaux donnent à voir l’artiste en chemise rayée, convoquant ainsi aussi l’image déjà élevée au rang de mythe de Picasso. Cependant, comme une forme de contre-image à son apparence personnelle, il représente souvent l’artiste sous les traits d’un homme barbu. Par ailleurs, Picasso présente le plus souvent l’artiste peignant directement devant le modèle, à l’encontre de sa propre pratique de travail – il peignait toujours de mémoire. Dans cette constellation, le modèle féminin nu, dont la représentation oscille également entre idéalisation et caricature, est exposé au regard de l’artiste. Avec ces œuvres, la question reste ainsi ouverte de savoir dans quelle mesure Picasso exalte ou ironise sa fixation sur le nu féminin et l’appropriation visuelle du corps féminin. Son impressionnante série d’images du peintre et de son modèle soulève ainsi aussi des questions concernant le traitement personnel et artistique du corps féminin par l’homme et la possibilité de représenter ce corps dans le contexte actuel.

Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition s’appuie sur une sélection de tableaux représentatifs de l’immense œuvre tardif de Picasso pour entreprendre de retracer le cheminement et d’interroger la pertinence actuelle des explorations de l’artiste, qui tournent autour du processus créatif, des relations que structurent les regards croisés entre peintre et modèle, de la représentation de l’artiste masculin et de la mise en scène visuelle du modèle féminin.

Avec son inventivité picturale foisonnante, Pablo Picasso a marqué l’art du XXe siècle d’une empreinte singulière. La Fondation Beyeler possède plus de trente de ses œuvres et abrite une des plus belles collections de Picasso au monde. Parmi les protagonistes de l’art moderne, Picasso est ainsi l’artiste le plus fortement représenté dans la Collection Beyeler. Les œuvres couvrent une période allant du travail cubiste précoce de l’année 1907 aux travaux tardifs des années 1960. Une quinzaine d’autres chefs-d’œuvre de Pablo Picasso de la Collection Beyeler et de l’Anthax Collection Marx sont présentés dans les salles de la collection qui font suite à l’exposition, proposant ainsi un vaste panorama de l’œuvre de Picasso.

FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101, 4125 Riehen/Basel