09/10/22

Décadrage colonial @ Centre Pompidou, Paris - Exposition de Photographies

Décadrage colonial
Centre Pompidou, Paris
7 novembre 2022 – 27 février 2023

John Haertfield
John Heartfield 
N°8 Social Kunst Fotomontage
Impression photomécanique, 26 x 19,5 cm
Collection Bibliothèque Kandinsky

« Ne visitez pas l’exposition coloniale ». En 1931, en réaction à l’ouverture de l’exposition coloniale internationale à Vincennes, les membres du groupe surréaliste dénoncent la politique impérialiste de la France. L’exposition « Décadrage colonial » propose de revenir sur ce chapitre singulier, et les imaginaires visuels générés à l’époque grâce à la photographie, dont les usages connaissent alors un essor considérable dans la presse et l’édition.

L’exposition explore, à travers la collection du Cabinet de la photographie et des documents de la Bibliothèque Kandinsky, les tensions et les ambivalences qui traversent la production de la nouvelle scène photographique parisienne de cette période : fascination pseudoscientifique pour les cultures dites de l’ailleurs, fétichisation et érotisation des corps noirs, participation au renouvellement de l’ethnographie ou encore contribution à l’élaboration d’une nouvelle image de la nation…

En réponse à l’exposition coloniale de 1931, les membres du groupe surréaliste éditent des tracts et organisent avec une frange de la gauche radicale une contre-exposition intitulée « La Vérité sur les colonies ». Si depuis sa création, le mouvement surréaliste a entretenu des liens tendus avec le Parti communiste, l’engagement anticolonial est un champ de convergence constant dont « La Vérité sur les colonies », réunissant objets, statistiques et photographies, est le point culminant en ce tournant des années 1930.

En écho à l’événement, le photographe américain Man Ray réalise un « reportage » sur l’exposition coloniale sous la forme d’un bref cahier énigmatique. Restreint dans sa diffusion, on y décrypte néanmoins une dénonciation puissante de l’artificialité et de la violence, notamment sexuelle, du système de la colonisation. L’un des rares exemplaires, ayant appartenu à Charles et Marie-Laure de Noailles, aujourd’hui dans les collections du Musée national d’art moderne, est le point de départ de cette exposition.

Mis en perspective avec les enjeux historiques, sociaux et politiques de l’époque, « Décadrage colonial » s’inscrit dans la continuité des projets d’expositions et de recherches liées à l’acquisition de la collection Bouqueret en 2011, avec « Voici Paris », « Elle est moderne, elle est photographe » et « Photographie, arme de classe ».

Photographes représentés (non exhaustif) :
Adam Pierre, Albin-Guillot Laure, Bellon Denise, Boucher Pierre, Feher Emeric, Ichac Pierre, Kollar François, Krull Germaine, Lipnitzky Boris, Lotar Eli, Man Ray, Parry Roger, Rudomine Albert, Steiner André, Tabard Maurice, Ubac Raoul, Verger Pierre, Zuber René

Commissariat de l'exposition : Damarice Amao, attachée de conservation, assistée de Lilah Rémy, chargée de recherches, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne

CENTRE POMPIDOU, BEAUBOURG, PARIS
Galerie de photographies