03/01/09

Valérie Belin – Nouvelles oeuvres - Galerie Jérôme de Noirmont Paris

VALERIE BELIN - Nouvelles Oeuvres
Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
Jusqu’au 31 janvier 2009

Pour sa toute première exposition à la galerie Galerie Jérôme de Noirmont (qui la représente depuis l’automne 2007), depuis le 7 novembre 2008 jusqu’au 31 janvier 2009, au moment même où plusieurs musées européens lui consacrent une grande rétrospective, VALERIE BELIN dévoile trois nouvelles séries de photographies en noir et blanc, qui marquent un réel tournant dans sa démarche.

Dans ses premières séries, Valérie Belin travaillait uniquement sur le spectre lumineux des objets, sur le dessin créé par la lumière, en restant très proche du procédé originel de la photographie. Comme dans la sculpture, ce travail d’empreinte (positif/négatif), donnait une réalité tangible à des sujets à l’identité prédéfinie. L’apparition des nouvelles technologies de l’image a eu pour conséquence chez l’artiste un éloignement progressif du caractère indiciel de la photographie au profit d’un traitement plus libre, voire plus pictural du sujet.

Dans les portraits antérieurs, comme ceux des mannequins (2003), le spectateur était amené à questionner la réalité, vraie ou fausse, des sujets photographiés. Aujourd’hui, les personnages semblent émerger de la sphère du virtuel, leur existence semble soudain mise en doute par l’image que l’artiste nous en donne… Les nouveaux portraits de Valérie Belin ne relèvent plus d’une esthétique proprement photographique, mais telles des peintures, ils s’apparentent à une vision onirique, à une interprétation particulière du sujet, propre à l’artiste. En lui offrant la possibilité de changer de technique d’impression et de support, de choisir la couleur ou le noir et blanc selon l’effet de sens recherché, les outils technologiques contemporains ont amené l’artiste à envisager la photographie au-delà de sa nature analogique, comme moyen de créer une pure image. Les personnages de ses nouvelles séries sont dédiés à l’image. Ils créent une image devant nous – ainsi de la danseuse du Lido et des magiciens-illusionnistes, tous acteurs d’un spectacle.

Le cadrage et la mise en scène utilisés pour la danseuse du Lido présente une certaine similarité avec les portraits de métisses (2006), mais dans un rapport inversé. Les filles photographiées alors nous apparaissaient toutes semblables, avec des physiques très ressemblants, bien que toutes différentes, portant des tenues vestimentaires similaires, différenciées essentiellement par la couleur de chacune. Cette fois, c’est une seule et même fille qui change de costume à chaque image tout en gardant une posture identique et une même expression du visage. En figurant sur ces portraits avec le même professionnalisme que sur scène, cette danseuse du Lido « fait » image et montre l’évolution du sujet comme motif « a priori » dans le travail de Valérie Belin. L’onirisme du portrait est aussi renforcé par l’effet de duplication démonstratif et revendiqué qui constitue la série.

La série des magiciens, qui renvoie aussi au monde du spectacle, emphase quant à elle les caractères illusoires et dramatiques des personnages, comme au cinéma. Toujours en noir et blanc, elle figure 5 personnages différents, en train de battre des cartes… Pour tenter de saisir l’illusion qui n’est pas photographiable intrinsèquement, Valérie Belin introduit le mouvement dans l’image ; c’est ce mouvement qui va donner son sens illusoire à l’image. La dichotomie entre le mouvement des cartes enregistré par la photographie et l’immobilisme statique du personnage confère à ces images un caractère dramatique flagrant et rappelle certains personnages emblématiques du cinéma noir hollywoodien des années 50. La lumière particulière utilisée pour cette série renforce l’effet cinématographique, avec des sources d’éclairage multiples et des rayons affleurant qui dessinent le contour lumineux des silhouettes.

La dernière série en date, celle des bouquets, révèle bien plus encore cette sorte de réalisme magique qui caractérise les nouveaux travaux de l’artiste. Il se dégage de cette série de photographies une esthétique qui fait penser à celle du rêve par sa structure diffuse, dynamique, presque en apesanteur. Ces 5 assemblages de fleurs, tout en gardant leur harmonie naturelle, semblent avoir subi une irradiation, qui les ramène à l’immatérialité de l’image négative. Cette mutation de la chair des fleurs en motifs quasi monochromes est accentuée par la technique d’impression des images (encres sur papier), choisie pour son manque de définition et ses aberrations.

TOUTES ŒUVRES : Edition à 6 exemplaires et 2 épreuves d’artiste. Format unique.

CATALOGUE bilingue français / anglais. Texte de Larisa Dryansky. Toutes les œuvres exposées sont reproduites en pleine page.

GALERIE JEROME DE NOIRMONT

36-38 avenue Matignon, 75008 PARIS - France
www.denoirmont.com