Lumières du Liban
Art moderne et contemporain
de 1950 à aujourd’hui
Institut du monde arabe, Paris
21 septembre 2021 – 2 janvier 2022
Beyrouth, Méditerranée, 1976
Acrylique sur toile, 205,5 x 205,5 cm
© Musée de l’Institut du monde arabe
The End, 2016-2020
Toile libre et néon, 220 x 400 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
Dream Catcher, Self-Portrait, 2020
(Attrapeur de rêve, autoportrait)
Huile sur toile, 114 x 146 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
Lumières du Liban est une exposition d’art moderne et contemporain du Liban transfrontière. Elle retrace en filigrane sept décennies d’histoire de l’art que scandent l’effervescence après l’indépendance du Liban en 1943 et l’après-Deuxième Guerre mondiale, les déchirures de la guerre civile (1975-1990) et de l’exil, le bouillonnement artistique de la mondialisation... , témoignant de la grande créativité de trois générations d’artistes du Liban et de ses diasporas.
L’histoire parfois chaotique du pays ne doit pas occulter son rôle de creuset culturel majeur, toujours bien vivant aujourd’hui : un rôle joué par ce pays depuis l’Antiquité, ainsi qu’en témoignait l’exposition « Liban, l’autre rive » présentée à l’IMA en 1998-1999.
Tout en éclairant l’originalité et l’universalité de ces créations et la place singulière occupée par la scène libanaise des arts plastiques, l’exposition met en valeur les formes, les personnalités et les prises de positions esthétiques les plus remarquables, avec une attention particulière au dialogue ininterrompu entre Beyrouth et Paris.
Plus d’une centaine d’oeuvres réalisées par 55 artistes est révélée pour l’occasion. Elles ont été sélectionnées parmi la collection d’art moderne et contemporain arabe de l’IMA, la plus importante en Occident (avec son fonds de près de 600 oeuvres libanaises) depuis sa fusion avec la donation majeure de Claude et France Lemand en 2018, donation constamment enrichie depuis lors.
Cinéma Christine, 1964
Boîte peinte
Prêt de Christine Abboud, fille de l’artiste
L’exposition se déploie dans trois grandes salles d’exposition : le nouvel Espace des donateurs (niveau -2) et les salles d’exposition des niveaux -2 et -1, ainsi que dans la salle Hypostyle (niveau -2), « chemin » entre les deux premières salles, où sont installées des sculptures.
La scénographie est confiée à l’architecte libanais Carl Gerges, qui a mis un point d’honneur à faire réaliser l’intégralité de sa fabrication au Liban, par des Libanais. Le parcours est conçu selon un principe chronologique clair : l’âge d’or de Beyrouth, les années de guerre civile, et les années 2000 de la mondialisation ; il est émaillé de citations et de documents historiques permettant aux visiteurs de recontextualiser la période pendant laquelle les oeuvres exposées ont été créées. Établir un dialogue entre les oeuvres d’une même période permet de souligner combien les préoccupations des artistes, leurs tendances artistiques et leurs thématiques peuvent être riches et multiples.
Cet ordre chronologique a été volontairement inversé, pour mieux traduire la plongée du Liban dans le chaos depuis la désespérance qui s’est abattue sur tous les Libanais aujourd’hui. Cette scénographie invite donc le visiteur à remonter le temps, à partir des oeuvres d’art et des événements les plus récents jusqu’aux années 1950.
Paysage, 2014
Huile sur toile, 32 x 41 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
Arab Fall, 2011
Tenture à décor appliqué, pièces de tissus
imprimés et brodés sur des jeans découpés
© Musée de l’Institut du monde arabe
The Tree Within. A Palestinian Olive Tree, 2020
(A l’intérieur d’un arbre : un olivier palestinien)
Acrylique sur toile, 200 x 200 cm
Don de l’artiste, Fonds Claude & France Lemand-IMA
© Musée de l’Institut du monde arabe
LUMIÈRES DU LIBAN : PARCOURS DE L'EXPOSITION
2005-2021 | Le Liban, pays des perpétuelles reconstructions
Le Liban est le pays des perpétuelles reconstructions. Porteurs de blessures et d’espoirs, les artistes de toutes les générations et de tous les exils racontent ce pays aux multiples renaissances, d’un peuple si proche de nous.
Depuis les années 2000, les artistes de la région ont atteint une notoriété mondiale. Beyrouth s’est doté d’une pléthore de nouvelles et dynamiques institutions culturelles. Pourtant, la guerre n’est jamais loin : depuis 2006 entre le Hezbollah et Israël, et depuis 2013 avec l’afflux massif de réfugiés syriens fuyant la guerre civile dans leur pays. De plus, une politique de spéculation et d’endettement a abouti à la banqueroute. Lors de la « révolution d’Octobre » 2019, les Libanais manifestent tous ensemble pour crier leur révolte contre les dirigeants. Le 4 août 2020, une explosion cataclysmique dévaste la ville de Beyrouth, causée par un entrepôt portuaire de nitrate d’ammonium. Un an plus tard, le pays traverse une crise économique sans précédent.
Talentueuse et combative, la scène artistique témoigne de ces réalités violentes et transcendent chaque histoire singulière, pour offrir un message universel, avec un saisissant renouveau de la peinture et de toutes les autres techniques artistiques, anciennes et nouvelles.
Mona Saudi
Géométrie de l'esprit
Don du Royaume de Jordanie à l’IMA, 1987
© Musée de l’Institut du monde arabe
Ibn Al-Mu’taz, 2000
Poème manuscrit et collage sur papier, 22 x 28 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
Le Retour de Lilit, 2004
Leporello, encre de Chine et aquarelle
sur cahier japonais, 33 x 567 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
1975-2005 | Les années de plomb
En 1975, la guerre civile, ponctuée d’interventions étrangères, dévaste Beyrouth et paralyse la vie du pays. Le Liban se transforme en poudrière durant quinze ans. Dans la ville meurtrie, les acteurs culturels s’adaptent à la situation au royaume de la débrouille. Face au vide laissé par les autorités, ils emploient des stratégies telles que la collecte d’archives, l’archéologie et le recueil de témoignages, pour soutenir des actions socialement engagées. Une pratique consiste à organiser des expositions itinérantes. En 1989, l’exposition « Liban : Le regard des peintres » a lieu au Barbican Centre à Londres puis à l’Institut du monde arabe à Paris. C’est la première manifestation de grande ampleur consacrée à la production artistique libanaise à l’étranger.
En 1990, lorsque les combats s’interrompent, tout est à refaire. La plupart des espaces culturels n’existent plus, nombre d’artistes ont émigré, certains sont morts. Une nouvelle génération d’acteurs culturels émerge. En 1992 ont lieu les premières élections législatives depuis 1972 : Rafiq Hariri est désigné Premier ministre. Le pays se reconstruit laborieusement. En 2005, son assassinat déclenche la « Révolution du Cèdre » contre les Syriens, dont l’armée occupait encore une partie du Liban : ils se retirent enfin. Une renaissance de la scène artistique s’amorce au Liban comme à l’international.
Groupe familial, 1968
Huile sur toile, 98,5 x 100 cm
Donation Claude & France Lemand.
© Musée de l’Institut du monde arabe
1943-1975 | L’âge d’or
Bien que le terme « âge d’or » soit un lieu commun pour qualifier cette période de troubles continuels, force est de constater la vitalité de Beyrouth entre l’indépendance du Liban (1943) et le début de la guerre civile (1975). Au coeur d’une zone de turbulences pendant la Guerre froide, c’est un creuset multiconfessionnel et interculturel unique dans cette région du monde, un lieu de rencontres accueillant artistes et intellectuels venus des pays voisins où sévissent occupations, guerres et oppressions. Le Liban a toujours accueilli les Arméniens échappés du génocide, les Palestiniens après 1948, les Syriens, les Irakiens et tous ceux qui recherchaient la liberté.
Avec l’éclosion de l’industrie touristique, ce jeune pays étoffe son offre culturelle, dont la vitrine la plus prestigieuse est le Festival international de Baalbeck. Célébrités et grands noms de l’art y séjournent tandis que les artistes d’origine libanaise ou établis au Liban, à Paris ou ailleurs, participent activement à l’essor d’une brillante école moderne. L’âge d’or de Beyrouth doit beaucoup à ces riches dialogues entre Orient et Occident. C’est la capitale de la liberté et de la modernité, là où il fallait vivre, exposer, publier.
Cas remarquable, artistes, galeristes, critiques, intellectuelles, pionnières, les femmes imposent leurs voix puissantes et libres. Ce petit pays qui a donné naissance à une école artistique diversifiée, multiple et internationale, continue de parler au reste du monde : « As-tu une réponse, Horizon, et que lis-tu ? Je lis ce qui s’écrit maintenant et ce qui se peint dans la lumière de Beyrouth », écrit aujourd’hui son penseur, le poète et plasticien Adonis.
Baluchons 3, 2017
Acrylique sur toile, 146 x 114 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
Autoportrait et ombre, 2020
Plaques de métal et de bois, 180 x 200 x 60 cm
Donation Claude & France Lemand
© Musée de l’Institut du monde arabe
LE LIBAN DANS LA DONATION
CLAUDE ET FRANCE LEMAND
La donation Claude & France Lemand au musée de l’IMA est conclue en 2018. Grâce à elle, au sein du musée, les oeuvres des XXe et XXIe siècles passent de 600 à 1900 (sur un fonds total de 2800), avec des oeuvres plus diversifiées dans leurs supports, leurs techniques, et représentant davantage d’artistes.
Cette donation initiale comprend 1300 oeuvres de 94 artistes dont, pour le seul Liban, des oeuvres de Farid Aouad (1923-1982), Etel Adnan (1925), Shafic Abboud (1926-2004), Elie Kanaan (1926-2009), Paul Guiragossian (1926-1993), Adonis (1930), Amin El-Bacha (1932-2019), Nadia Saïkali (1936), Hussein Madi (1938), Assadour (1943), Ali Chams (1943-2018), Chaouki Choukini (1946), Mohammad El-Rawas (1951), Fatima El-Hajj (1953), François Sargologo (1955), Elsa Ghossoub, Khaled Takreti (1964), Marwan Sahmarani (1970), Zeina Assi (1974) et Ayman Baalbaki (1975).
Cette donation est assortie du « Fonds Claude & France Lemand-IMA », dont le but est de poursuivre les acquisitions, organiser des expositions, étudier les oeuvres, publier des catalogues, enseigner et diffuser, faisant de la donation tout le contraire d’une « collection morte ».
Ainsi, aux 1300 oeuvres de la donation initiale, Claude et France Lemand en avaient déjà ajouté 200 fin 2019. En janvier-février 2020, 32 nouvelles oeuvres viennent enrichir la collection, en prévision de l’exposition « Mémoires partagées. Photos et vidéos de la Donation Lemand », les donateurs ayant pris l’habitude d’enrichir les collections à chaque nouvelle exposition du musée.
De la même manière, Claude et France Lemand acquièrent, à l’occasion de « Lumières du Liban », des oeuvres de 32 nouveaux artistes : Moazzaz Rawda (1906-1986), Michel Basbous (1921-1981), Laure Ghorayeb (1931), Simone Fattal (1942), Jamil Molaeb (1948), Missak Terzian (1949), François Sargologo (1955), Hanibal Srouji (1957), Hady Sy (1964), Zad Moultaka (1967), Serwan Baran (1968), Anachar Basbous (1969), Hala Matta (1970), Hiba Kalache (1972), Zena Assi (1974), Mazen Kerbage (1975), Ayman Baalbaki (1975), Joseph ElHourany (1976), Tagreed Darghouth (1979), Abdul Rahman Katanani (1983), Abed AlKadiri (1984), Tarek ElKassouf (1985), Sara Chaar (1986), Sara Abou Mrad (1988), Ieva Saudargaité Douaihi (1988), Philippe Audi-Dor (1989), Hala Ezzeddine (1989), Anas AlBraehe (1991), Layal Nakhlé (1992), Nader Bahsoun (1995), Marc Guiragossian (1995), Elias Nafaa (1997).
La collection du musée de l’IMA compte à ce jour 62 artistes du Liban et 611 oeuvres : peintures, dessins, sculptures et objets, livres d’artiste, photographies et vidéos, lithographies et gravures, textiles, céramiques et installations.
Le Dernier Temps, 2020
Photographie sur mousseline, 135 x 195 cm
Donation Claude et France Lemand 2021
© Musée de l’Institut du monde arabe
La Maternité, 2017
Encre de Chine sur toile, 150 x 100
Don de l’artiste, Fonds Claude et France Lemand-IMA 2021
© Musée de l’Institut du monde arabe
Tenir à un fil, 2012
Technique mixte sur toile, 190 x 280 cm .
Donation Claude et France Lemand 2018
© Musée de l’Institut du monde arabe
LUMIÈRES DU LIBAN : LES ARTISTES EXPOSÉS
Shafic ABBOUD Liban, 1926-2004 | Sara ABOU MRAD Liban, née en 1988 | Etel ADNAN Liban, née en 1925 | ADONIS Syrie, né en 1930 | Maliheh AFNAN Palestine, 1935-2016 | Anas ALBRAEHE Syrie, né en 1991 |Abed ALKADIRI Liban, né en 1984 | ASSADOUR Liban, né en 1943 | Zena ASSI Liban, née en 1974 | BOKJA (Huda Baroudi + Maria Hibri, Liban) | Philippe AUDI-DOR Liban, né en 1989 | Ayman BAALBAKI Liban, né en 1975 | Nader BAHSOUN Liban, né en 1995 | Serwan BARAN Iraq, né en 1968 | Michel BASBOUS Liban, 1921-1981 | Anachar BASBOUS Liban, né en 1969 | Doris BITAR Iraq, née en 1959 | Sara CHAAR États-Unis, née en 1986 | Chaouki CHOUKINI Liban, né en 1946 | Tagreed DARGHOUTH Liban, née en 1979 | Ieva Saudargaité DOUAIHI Lituanie, née en 1988 | Saliba DOUAIHY Liban, 1910-1994 | Amin EL-BACHA Liban, 1932-2019 | Fatima EL-HAJJ Liban, née en 1953 | Mohammad EL-RAWAS | Liban, né en 1951 | Joseph ELHOURANY Liban, né en 1976 | Tarek ELKASSOUF Liban, né en 1985 | Hala EZZEDDINE Liban, née en 1989 | Simone FATTAL Syrie, née en 1942 | Laure GHORAYEB Liban,née en 1931 | Elsa GHOSSOUB Liban | Paul GUIRAGOSSIAN Palestine, 1926-1993 | Marc GUIRAGOSSIAN Liban, né en 1995 | Hiba KALACHE Liban, née en 1972 | Yazan HALWANI Liban, né en 1993 | Abdul Rahman KATANANI Palestine, né en 1983 | Mazen KERBAJ Liban, né en 1975 | Hussein MADI Liban, né en 1938 | Hala MATTA Liban, née en 1970 | Jamil MOLAEB Liban, né en 1948 | Zad MOULTAKA Liban, 1967 | Elias NAFAA Liban, né en 1997 | Layal NAKHLE Côte d’Ivoire, née en 1992 | Moazzaz RAWDA Iraq, 1906-1986 | Marwan SAHMARANI Liban, né en 1970 | Nadia SAÏKALI Liban, née en 1936 | François SARGOLOGO Liban, né en 1955 | Mona SAUDI Jordanie, née en 1945 | Mouna SEHNAOUI Égypte, née en 1945 | Hanibal SROUJI Liban, né en 1957 | Hady SY Liban, né en 1964 | Khaled TAKRETI Liban, né en 1964 | Missak TERZIAN Liban, né en 1949 | Jean-Pierre WATCHI Mali, né en 1952.
Commissariat :
Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions de l’IMA
Eric Delpont, conservateur du musée de l’IMA
Claude Lemand, collectionneur et donateur au musée de l’IMA
INSTITUT DU MONDE ARABE - IMA - PARIS
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed V, 75005 Paris