Goya
Fondation Beyeler, Riehen / Bâle
10 octobre 2021 – 23 janvier 2022
Autoportrait devant le chevalet (Autorretrato ante su caballete), 1785
Huile sur toile, 40 x 27 cm
Museo de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando, Madrid
275 ans après sa naissance, la Fondation Beyeler consacre à Francisco de Goya – précurseur majeur de l’art moderne – l’une des expositions les plus importantes réalisées à ce jour. Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles rarement donnés à voir côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des œuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et américains de tout premier plan. L’exposition réunit environ 70 tableaux et plus de 100 dessins et gravures d’exception. Aujourd’hui comme du vivant de l’artiste, l’œuvre de Goya donne à vivre une expérience sensorielle et intellectuelle unique. Depuis deux siècles, son œuvre complexe et ambigu constitue pour de nombreux·ses artistes un repère et une référence incontournables. L’exposition est organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado à Madrid.
Le sabbat des sorcières, (El aquelarre), 1797-1798
Huile sur toile, 43 × 30 cm
Fundación Lázaro Galdiano, Madrid
Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) occupe dans l’histoire de l’art européen une position paradoxale en tant qu’un des derniers grands peintres de cour d’une part et annonciateur de la figure de l’artiste moderne d’autre part. Afin de permettre au public d’apprécier la singularité profonde de son activité créatrice, qui couvre la période du rococo tardif au romantisme, et de rendre justice à la richesse formelle et thématique de son œuvre peint, dessiné et gravé, l’exposition présente tout l’éventail des genres et des sujets de prédilection de Goya. Conçue de manière chronologique, elle réunit des tableaux de représentation grand format tout comme des pages de carnets de croquis, mettant l’accent sur l’œuvre tardif de l’artiste.
Hôpital de la peste (Hospital de apestados), 1808–1810
Huile sur toile, 32,5 x 57,3 cm
Collection du Marquis de la Romana
Nature morte aux dorades (Besugos), 1808–1812
Huile sur toile, 44,8 x 62,5 cm
The Museum of Fine Arts, Houston
Museum purchase funded by the Alice Pratt Brown Museum Fund
and the Pratt Foundation Accessions Endowment Fund, 94.245
Photo: © The Museum of Fine Arts, Houston
L’exposition de la Fondation Beyeler donne à voir d’une part le peintre de cour et d’autre part le créateur d’univers picturaux énigmatiques et inquiétants, son œuvre sacré comme son œuvre profane, ses représentations du Christ et de sorcières, ses portraits et ses peintures d’histoire, ses natures mortes et ses scènes de genre. Outre des tableaux réalisés pour le compte de la maison royale, de l’aristocratie et de la bourgeoisie, l’exposition présente des œuvres que Goya crée dans un espace de liberté artistique conquis à la force de sa volonté et de son talent, parmi elles des peintures de cabinet souvent réservées à un cercle intime. Dans l’histoire de l’art européen, Goya est l’un des premiers artistes qui s’élève avec une opiniâtreté rebelle contre les dogmes et les règles qui entravent la création artistique, plaidant au contraire pour l’impulsivité et l’inventivité de l’artiste («capricho» et «invención»).
Parmi les temps forts de l’exposition figurent le portrait de la duchesse d’Albe (1795) et l’emblématique Maja vêtue (La maja vestida, 1800–1807), tout comme deux tableaux rarement exposés en provenance de collections privées européennes, Maja et Célestine au balcon et Majas au balcon, que Goya peint entre 1808 et 1812. Autre particularité de l’exposition : des peintures de genre de petit format détenues pour la plupart dans des collections privées espagnoles et à ce jour rarement montrées hors d’Espagne. Dans ces tableaux, Goya – de même que dans ses dessins et ses gravures – donne libre cours à ses inspirations intimes. Pour la première fois depuis son unique présentation à ce jour au Museo Nacional del Prado, le public peut ainsi découvrir à la Fondation Beyeler la série complète de huit peintures d’histoire et de genre qui nous sont parvenues de la collection madrilène du marquis de la Romana. Elles sont accompagnées des quatre célèbres panneaux dépeignant des scènes de genre de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, prêts d’une grande rareté.
Dans ses scènes de genre et ses peintures d’histoire, Goya dépeint des incidents de la vie quotidienne sociale, politique et religieuse mouvementée des Espagnoles et des Espagnols aux alentours de 1800. Parmi les décors récurrents de ces scènes figurent les marchés et les arènes, les prisons et les institutions ecclésiastiques, les asiles de fous et les tribunaux de l’Inquisition. Les sorcières constituent également un motif majeur, par lequel Goya illustre la superstition de son temps. Outre un groupe de gravures des Désastres de la guerre (Los desastres de la guerra, 1811–1814), l’exposition présente une sélection de planches de la série des Caprices (Los caprichos) parue en 1799, parmi elles la célèbre gravure no. 43 au titre éloquent Le Sommeil de la raison enfante des monstres, qui reflète le constat mélancolique et résigné de Goya que ni la raison ni l’ironie et le sarcasme ne peuvent lutter contre la déraison. L’univers pictural énigmatique et insondable de Goya lui vaut une grande estime depuis le romantisme français au début du 19ème siècle. Parmi les artistes de la modernité, Pablo Picasso et Joan Miró, Francis Bacon et les surréalistes ont éprouvé une affinité profonde avec son art. Goya constitue aussi une référence importante pour de nombreux·ses artistes contemporain·e·s, dont Marlene Dumas et Philippe Parreno.
À la demande de la Fondation Beyeler, le célèbre artiste français Philippe Parreno (*1964) a réalisé un film basé sur la série emblématique des Peintures noires (Pinturas negras, 1819–1824), montré en première dans le cadre de l’exposition. Les 14 peintures murales se trouvaient à l’origine dans la demeure de Goya en périphérie de Madrid et n’étaient probablement pas destinées à être montrées en public. Conservées aujourd’hui dans la collection du Museo Nacional del Prado à Madrid, les œuvres sont si fragiles qu’elles ne peuvent pas quitter le musée.
Pour la première fois, des tableaux de collections privées espagnoles, rarement donnés à voir et n’ayant pour certains jamais changé de main, côtoient dans les espaces de la Fondation Beyeler des œuvres maîtresses en provenance de collections privées et de musées européens et américains de tout premier plan. Les prêts proviennent d’éminents musées tels le Museo Nacional del Prado, le Museo ThyssenBornemisza, la Fundación Lázaro Galdiano et la Fundación Casa de Alba, tous à Madrid, le Musée du Louvre à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, la National Gallery à Londres, les Gallerie degli Uffizi à Florence, la National Gallery of Ireland à Dublin, la Sammlung Oskar Reinhart «Am Römerholz» à Winterthur, le Minneapolis Institute of Art et le Museum of Fine Arts à Houston.
L’exposition Goya a été organisée par la Fondation Beyeler en coopération avec le Museo Nacional del Prado, Madrid, et développée par Isabela Mora et Sam Keller. Elle est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, en collaboration avec Gudrun Maurer, Scientific Advisor. La gestion du projet a été assurée par Ioana Jimborean et Fiona Hesse, Associate Curators.
Un catalogue d’exposition est publié en allemand et en anglais au Hatje Cantz Verlag, Berlin, et en espagnol aux Ediciones El Viso, Madrid. Il réunit des articles d’Andreas Beyer, Helmut C. Jacobs, Ioana Jimborean, Mark McDonald, Manuela B. Mena Marqués, José Manuel Matilla, Gudrun Maurer, Martin Schwander et Bodo Vischer. L’introduction a été rédigée par Colm Tóibín, écrivain irlandais lauréat de nombreux prix.
FONDATION BEYELER
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen