Fashion folklore
Costumes populaires et Haute couture
Mucem, Marseille
12 juillet — 6 novembre 2023
Prolongation jusqu'au 8 janvier 2024
Qu’y a-t-il de commun entre une coiffe tyrolienne et un chapeau Chanel ? Entre une blouse traditionnelle roumaine et un ensemble d’Yves Saint Laurent ? Ou encore entre une veste de Jean-Paul Gaultier et un plastron breton ?
Les dialogues entre le costume traditionnel et la haute couture, rarement exposés, peuvent sembler fondés sur des contradictions : le costume traditionnel serait le fait d’un groupe, associé à un territoire et symbole de permanence ; là où la haute couture correspondrait à un phénomène globalisé, adossé à des principes comme l’éphémère et le renouvellement et lié à des individualités créatrices. Pourtant, force est de constater que, depuis Paul Poiret, les créateurs ne cessent de convoquer les formes et les imaginaires attachés au costume régional, invitant à une histoire croisée entre les deux domaines.
Album de dessins, robe Toutankhamon, Paris, été 1923.
Gouache sur papier
© Courtoisie du Patrimoine Lanvin, Paris
Aurélie Samuel (co-commissaire de l'exposition) souligne ainsi que :
Les créateurs s’inspirent depuis toujours de la mode ancienne et des archives existantes. De nombreux couturiers arpentent les musées, les collections privées ou visitent les archives patrimoniales des maisons de couture. C’est une source d’inspiration inépuisable. La plupart d’entre eux sont eux-mêmes collectionneurs ou tout au moins « collecteurs ». Ils ramènent de leurs voyages des échantillons ou des vêtements et puisent sur le terrain des idées qu’ils vont ensuite réinterpréter, comme tous les artistes.
Robe Larantuka,
Collection haute couture Rien que du bonheur 2008
Raphia, chanvre, macramé.
Mucem, Marseille, Inv. 2022.9.1.
Photo © Mucem / Marianne Kuhn
L’exposition s’ouvre sur une pièce de Franck Sorbier qui a été inspirée par les expéditions du musée d’Ethnographie du Trocadéro. Elle met en valeur des techniques de vannerie traditionnelle. Cette robe d’une grande technicité témoigne de la puissance créatrice du couturier, entre artiste et artisan. Franck Sorbier se nourrit particulièrement des savoir-faire traditionnels, de culture et de patrimoine et affectionne les costumes traditionnels dont il est connaisseur. Il a fait don de cette pièce au Mucem en 2022.
L’exposition Fashion folklore propose un panorama des dialogues entre costume traditionnel et haute couture, depuis la structuration de celle-ci en secteur professionnel dans la deuxième moitié du XIXème siècle jusqu’aux productions les plus contemporaines. Intimement lié aux évolutions de la pensée folkloriste ou de la notion d’exotisme, le sujet est aussi celui de la création artistique pour laquelle les emprunts, formels ou techniques, ne s’encombrent pas toujours d’intentions idéologiques.
Tout en proposant une lecture historique et contextualisée des modèles exposés, l’exposition met l’accent sur les processus créatifs déployés par les couturiers dans une approche volontairement formaliste. Ce sera l’occasion de revenir sur des enjeux de définition complexes, propres à l’histoire du costume. Tantôt « régional », « traditionnel » ou « folklorique », celui-ci pourra être présenté dans toutes ses complexités terminologiques comme dans la diversité de ses usages et de ses fonctions, diversité bien souvent occultée par l’histoire des représentations.
Au coeur du projet d’exposition se trouvent les collections textiles du Mucem, ainsi que les nombreux fonds iconographiques portant sur le costume et ses représentations. Mises en regard avec des pièces de haute couture, ces collections témoignent des continuités qui irriguent l’histoire de la mode comme de la porosité des frontières entre créations artistiques et cultures populaires. Au nouveau regard que la création contemporaine permet de poser sur les costumes répond la profondeur historique que ceux-ci offrent aux œuvres des couturiers, dans un dialogue fructueux entre patrimoine et contemporain.
Marit Ilison
Cape n°5, collection Longing For Sleep, Estonie, 2013
Couverture d’enfant vintage, laine jacquard, perles cristal
© Courtoisie de Marit Ilison ; photo Maiken Staak
Givenchy par Riccardo Tisci
Robe longue, chapeau et sandales,
collection haute couture printemps-été 2011, passage no 1.
Robe : tulle stretch rebrodé, paillettes, tubes de verre, zip ;
chapeau : fibre de verre laquée ;
sandales : broderies de roues en métal cuivré.
Givenchy Patrimoine, Paris. 2011_SS_HC_RT_W_0000001.
© Courtoisie de Givenchy ; photo : Willy Vanderperre
Victor Weinsanto
Sans titre, Alsace, 2021.
Crin
Weinsanto, Paris
© Courtoisie de Weinsanto
« Fashion Folklore » présente près de 300 pièces issues des fonds du Mucem et de collections françaises et étrangères : Palais Galliera, musée des Arts décoratifs de Paris ; Musée de Quimper ; Musée Yves Saint Laurent – Paris ; Musée de la Mode de Marseille ; Musée municipal de Bucarest. Les plus grands couturiers et maisons de haute couture sont présents : Balenciaga, Gabrielle Chanel, Chloé, Dior, John Galliano, Jean Paul Gaultier, Philippe Guilet, Hermès, Simon Porte Jacquemus, Pascal Jaouen, Kenzo Takada, Christian Lacroix, Karl Lagerfeld, Jeanne Lanvin, Givenchy par Alexander McQueen, Martin Margiela, Val Piriou, Paul Poiret, Yves Saint Laurent, Paco Rabanne, Elsa Schiaparelli, Franck Sorbier, Givenchy par Riccardo Tisci, Valentino, Giambattista Valli, Dries Van Noten, Victor and Rolf, Clare Waigth Keller, Victor Weisanto, Bernard Wilhelm.
Commissariat :
Marie-Charlotte Calafat, conservatrice du patrimoine, responsable du département des collections et des ressources documentaires du Mucem
Aurélie Samuel, conservatrice du patrimoine, commissaire indépendante
MUCEM, Marseille
Mucem J4, Niveau 2 (1200 m2)