Le Prix Nadar Gens d’images a été attribué à l’ouvrage So Long, China du photographe Patrick Zachmann publié par les Éditions Xavier Barral
Cela fait plus de trente ans que PATRICK ZACHMANN parcourt la Chine qu’il découvre en 1982 à travers le prisme du cinéma. Des triades de Hong Kong dans les années 80 à la transformation de la ville de Pékin en passant par Tian’anmen, le tremblement de terre du Sichuan et l’exposition universelle de Shanghai, cet ouvrage rassemble près de 350 photographies N&B et couleur, mêlant la petite et la grande histoire dans un pays en pleine mutation. Le fil rouge de ce travail au long cours est la question de l’identité qui devient pour les nouvelles générations, en perte de repères, un enjeu essentiel. La Maison Européenne de la Photographie a consacré une exposition à ce travail du 6 avril au 5 juin 2016.
PATRICK ZACHMANN
So Long, China
ISBN 978-2-36511-093-8
Format : 17 x 23 cm / 592 pages
345 photos en couleurs et n&b
Editions Xavier Barral
45 €
Édition limitée
Dans son coffret, ouvrage signé accompagné d’un tirage argentique N&B signé, réalisé avec le soutien du laboratoire PICTO
Édition numérotée de 1 à 50
Prix de lancement : 400 €
Après un premier voyage de découverte, en 1982, dans le cadre d’un reportage sur le cinéma chinois, Patrick Zachmann entreprend un travail sur la diaspora chinoise dans le monde. Cela l’amène en Chine du Sud d’où sont originaires la plupart des immigrés. Il entame alors un voyage sur la durée à travers une vingtaine de séjours qui lui permettront de saisir les transformations fulgurantes de la société chinoise mais aussi les bouleversements urbains. Images du sud de la Chine, de Hong Kong, mais aussi de Taïwan qui entretient un lien très fort et incontournable avec la mère patrie, images de Tian’anmen lors des événements de mai-juin 1989, et du terrible tremblement de terre qui endeuilla la province du Sichuan en 2008.
A partir de 2001, la Chine de Patrick Zachmann passe à la couleur. Comme une transition, la série Impressions de nuit montre un pays qui est passé du costume de Mao aux couleurs vives, extravagantes et audacieuses.
PATRICK ZACHMANN
So Long, China
Editions Xavier Barral
Le photographe choisit dès lors de montrer faux-semblants et envers du décor, il veut être le témoin de la complexité des formes qui bouleverse les identités individuelles et collectives de la Chine contemporaine. Entre les images de façade qui caractérisent le pays – décors urbains, pouvoir des apparences, univers artificiel de la nuit – se glissent des existences dures et incertaines, comme celles de ces mingong, paysans pauvres venus fuir la misère et chercher du travail dans les grandes villes. Véritables esclaves modernes qui construisent la Chine de demain, ils sont près de deux cents millions à trimer pour un salaire de misère et ne rentrent au village, qu’une fois par an, durant le nouvel an chinois. Avec la série Retour à Wenzhou, Zachmann montre les mutations profondes de l’espace urbain. Le mouvement d’immigration s’est presque inversé. Les candidats à l’exil se font plus rares et de nombreux Chinois reviennent au pays, les chances de s’enrichir sont plus grandes aujourd’hui à Wenzhou que dans un atelier clandestin en France. Les dernières images du livre, composées de portraits transgénérationnels, ont pour ambition de montrer le choc culturel à l’intérieur des familles dans un pays où l’histoire s’est accélérée à une vitesse vertigineuse.
Des extraits du journal de bord tenu par Patrick Zachmann lors de ses voyages ponctuent ces différentes étapes et apportent un éclairage supplémentaire à ces images, mais aussi sur le travail de photographe dans une société où règnent la censure et la manipulation du régime.
PATRICK ZACHMANN
So Long, China
Editions Xavier Barral
Depuis 2002, les Éditions Xavier Barral publient des ouvrages abordant les formes nouvelles de la photographie, de l’art contemporain et des sciences. Chaque livre est un objet singulier où priment esthétique et choix graphiques. Les regards se croisent entre artistes et auteurs du monde entier. Le catalogue compte plus de 100 ouvrages salués par la critique.
Né en 1955 à Paris, Patrick Zachmann dit être devenu photographe parce qu’il n’a pas de mémoire. Il affirme la rechercher en reconstituant les albums de la famille qu’il n’a pas eue. Photojournaliste et réalisateur, il développe une oeuvre qui traite de façon récurrente des questions d’identité, de la mémoire et de l’immigration de différentes communautés. Il travaille, de 1982 à 1984, sur l’insertion des jeunes immigrés dans les quartiers nord de Marseille. En 1983, il publie son premier livre, Madonna !, plongée dans la violence de la mafia napolitaine. Deux ans plus tard, il intègre l’agence Magnum et devient membre en 1990.
Plus proche de sa propre histoire, l’ouvrage Enquête d’identité. Un juif à la recherche de sa mémoire (1987) est le fruit d’une recherche de sept ans. En 1989, son reportage sur les événements de la place Tian’anmen, largement diffusé dans le monde, marque le début de son immersion photographique au coeur du monde chinois. « Photographe de ce qui ne peut pas être dit », plus que photographe de l’action, il ne recule pas devant de longues investigations pour dire l’indicible. Aussi faudra-t-il attendre 1995 pour voir la publication de W. ou l’oeil d’un long-nez, sur la diaspora chinoise.
En parallèle, il mène un travail au long cours sur la banlieue qui a fait l’objet d’une exposition à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration en 2009, accompagnée d’un premier ouvrage aux Éditions Xavier Barral : Ma proche banlieue. Dans la série Mare/Mater, il confronte son histoire familiale à celle des migrants d’aujourd’hui entre les deux rives de la Méditerranée. Cette série a été exposée au MuCEM à Marseille en 2013 puis au Musée Niépce à Chalon-sur-Saône.
Il a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Niépce de Gens d’images en 1989. Plus récemment, dans le cadre de son travail sur la Chine, il a reçu une Aide à la création de la délégation aux arts plastiques (DAP) ainsi qu’en 2015, le Prix Spécial de la Fondation Gan pour le Cinéma pour son premier projet de film fiction « Mister Wu ».
Le Prix Nadar Gens d’images récompense depuis 1955 un livre consacré à la photographie ancienne ou contemporaine édité en France au cours de l’année. Il est attribué en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France et le musée Nicéphore Niépce, sous le patronage d’Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication. Il bénéficie du soutien d’Escourbiac, imprimeur de qualité, qui réalise les cartons d’invitation et les stickers du Prix. Avec le Prix Nadar, l’association Gens d’images veut mettre en avant les plus belles réussites éditoriales.
Le lauréat bénéficie d’une campagne de presse menée par Gens d’images et la BnF, de rencontres à la MEP à Paris et au Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône. Un sticker spécial « Prix Nadar Gens d’images 2016 » collé sur la couverture de l’ouvrage primé lui assure une meilleure visibilité.
Les dix livres remarqués par le jury sont présentés au Musée Nicéphore Niépce et valorisés par l’association Gens d’images.
PATRICK ZACHMANN
So Long, China
Editions Xavier Barral
Evénements autour du lauréat
Rencontre avec Patrick Zachmann
A la Maison européenne de la Photographie, dans l’auditorium
jeudi 17 novembre à 18h15
Atelier Gens d’images consacré au livre lauréat
Signature du livre de Patrick Zachmann
A Paris Photo, sur le stand des Éditions Xavier Barral
samedi 12 novembre à 17h
PATRICK ZACHMANN
So Long, China
Editions Xavier Barral
Les dix livres remarqués par le jury sont : Mexico, Mark Cohen, Xavier Barral - After the image, Marina Gadonneix, RVB Books - European Puzzle, Jean-Christophe Béchet, Loco - Township, Anne Rearick, Clémentine de la Ferronière So Long China, Patrick Zachmann, Éditions Xavier Barral - Je n’ai plus peur du noir, Julien Magre, Filigranes Editions / d&b - Astres noirs, Katrin Koenning et Sarker Protick, Chose Commune - My Lagos, Robin Hammond, Editions Bessard - Saisons noires, Julien Coquentin, Lamaindonne.
Prix Nadar 2016 - les membres du jury
Acueilli par Sylvie Aubenas, Directeur du département des Estampes et de la photographie, à la Bibliothèque nationale de France, le jury, composé de personnalités du monde de l’édition et de la photographie, a délibéré mardi 25 octobre. Il était composé de :
Emilie Bernard, bibliothécaire, Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
Nathalie Bocher-Lenoir, présidente de Gens d’images
Julien Chapsal, photographe, chef de projets culturels, coordinateur du Prix Nadar
Christine Coste, journaliste au Journal des Arts et à L’Oeil
Sebastian Arthur Hau, libraire, commissaire d’exposition, directeur artistique de Cosmos Arles Books et Polycopies Paris
Dominique Mérigard, graphiste et photographe, agence Intensité
Bruno Nourry, collectionneur de photographies et de livres de photographies, Président de la Galerie associative Confluence à Nantes
Fabienne Pavia, éditrice, Le bec en l’air (lauréat 2015)
Dominique Sagot-Duvauroux, économiste, professeur à l’université d’Angers, délégué général du Prix Nadar
Vincent Tixier, directeur de production, éditions Glénat
Dominique Versavel, conservatrice au département des Estampes et de la photographie, chargée de la photographie moderne, chef du service de la photographie, Bibliothèque nationale de France
Anne-Laure Walter, journaliste, Livres Hebdo
Gens d'images
www.gensdimages.com